Critiques ciné et autres.
19 Juillet 2018
Matteo Garrone, une nouvelle fois récompensé à Cannes, présente un triste tableau de l'Italie dans on nouveau film, Dogman. Une sombre histoire d'humiliation et de vengeance magistralement interprétée par Marcello Fonte.
Dans une banlieue déshéritée, Marcello, toiletteur pour chiens discret et apprécié de tous, voit revenir de prison son ami Simoncino, un ancien boxeur accro à la cocaïne qui, très vite, rackette et brutalise le quartier. D’abord confiant, Marcello se laisse entraîner malgré lui dans une spirale criminelle. Il fait alors l’apprentissage de la trahison et de l’abandon, avant d’imaginer une vengeance féroce...
Après l'échec de son navet en costumes Tale of Tales, Matteo Garrone revient à une intrigue plus sociale et politique, ce qui fit son succès (Gomorra et Reality tous deux Grand Prix à Cannes en 2008 et 2012). Dogman, récompensé d'un Prix d'interprétation masculine à Cannes 2018, est inspiré d'un fait divers situé dans une banlieue de Rome dans les années 80 et qui marqua l'histoire criminelle italienne.
Dans un univers aux couleurs ternes et aux commerces défraîchis, Marcello est un toiletteur pour chiens aimé de tous bien qu'un peu méprisé. Trop gentil, trop peureux aussi, il n'ose pas dire non et arrondit ses fins de mois en vendant (quand il se fait payer...) de la drogue notamment à un colosse ultraviolent qui ne cesse de l'humilier. Pendant près d'une heure, Matteo Garrone dépeint les humiliations, les bassesses, les coups encaissés par le petit toiletteur qui ne lève pas la voix, jusqu'à perdre toute dignité avec le sourire. Mais un jour, quand il perd absolument tout, le gentil commerçant bascule et entreprend une vengeance aussi violente que soudaine. Métaphore de la violence politique de son pays et des dangers devant le retour des extrêmes, le cinéaste peut compter sur un acteur génial (Marcello Fonte) et une mise en scène solide pour qui peut supporter tant de noirceur. Un film coup de poing.