"Fleuve noir", un film de Erick Zonca

près dix ans d'absence au cinéma, Erick Zonca revient avec Fleuve noir, un polar sombre et aux lourdes vapeurs d'alcool. Vincent Cassel et Romain Duris s'affrontent dans ce film inégal.

Au sein de la famille Arnault, Dany, le fils aîné, disparaît. François Visconti, commandant de police usé par son métier, est mis sur l’affaire. L’homme part à la recherche de l’adolescent alors qu’il rechigne à s’occuper de son propre fils, Denis, seize ans, qui semble mêlé à un trafic de drogue. Yan Bellaile, professeur particulier de Dany, apprend la disparition de son ancien élève et propose ses services au commandant. Il s’intéresse de très près à l’enquête. De trop près peut-être…

Consacré dès son premier long-métrage, La vie rêvée des anges, Erick Zonca aura bien du mal à faire perdurer ce succès. Sa courte filmographie compte une escapade américaine réussie (Julia) et un téléfilm (Soldat blanc) qui le remet en selle pour ce polar comme on n'en fait plus en France, avec des personnages hauts en couleur, un sens du mélodrame glauque ramené de son expérience hollywoodienne et un casting all star.

Vincent Cassel, qui a débarqué sur le projet au pied levé pour remplacer un Depardieu malade, s'empare du film de A à Z. Démarche claudiquante, phrasé imbibé, look années 70 et hygiène aléatoire : tous les ingrédients du flic désabusé que son boulot a dévoré sont là. On peut saluer la performance ou s'agacer de tant de cabotinage, c'est selon. Le scénario, plutôt habile, nous mène dans les secrets intimes d'une famille (Sandrine Kiberlain a détesté le tournage et apporte cette lassitude à l'écran) et de ses voisins (Romain Duris, inquiétant). En dépit de quelques longueurs, Erick Zonca s'acquitte bien de la tâche mais ce Fleuve noir laisse, quand même, un goût d'inachevé.