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Un cinéphile dans la ville.

Critiques ciné et autres.

"L'île au trésor", un film de Guillaume Brac

Guillaume Brac signe avec L'île au trésor son second long-métrage, un documentaire tourné dans l'aire de loisirs de Cergy-Pontoise. Une chronique estivale drôle et touchante doublée d'une fine observation sociologique dans un lieu de tous les possibles.

"L'île au trésor", un film de Guillaume Brac

Un été sur une île de loisirs en région parisienne. Terrain d’aventures, de drague et de transgression pour les uns, lieu de refuge et d’évasion pour les autres. De sa plage payante à ses recoins cachés, l’exploration d’un royaume de l’enfance, en résonance avec les tumultes du monde.

Remarqué grâce à son moyen-métrage Un monde sans femmes, Guillaume Brac a transformé l'essai avec son premier long-métrage de fiction, Tonnerre, transfusé à la veine documentaire. Ceux qui le suivent ne seront donc pas étonnés de le voir revenir avec L'île au trésor, une chronique documentaire dont la mise en scène bénéficie des apports trouvés dans la fiction. Tout part d'un souvenir d'enfance autour de la base de loisirs de Cergy-Pontoise : « On n’habitait pas très loin, mes parents nous y emmenaient de temps en temps avec mes frères et sœurs, c’était une sortie du weekend. Bien des années plus tard, j’ai découvert L’Ami de mon amie d’Eric Rohmer, et j’ai ressenti une émotion très spéciale en retrouvant dans un film important pour moi un décor de ma propre vie. D’un seul coup, ce lieu a pris une sorte d’aura un peu mythique, et ça m’a donné envie d’y retourner. »

 

Le temps d'une saison (estivale), le cinéaste a posé sa caméra dans ce vaste domaine comprenant forêt, lac et aires de jeux dans lequel s'ébattent jeunes et moins jeunes depuis plusieurs générations – un « ancien » se remémore non sans nostalgie le temps de la gratuité et de l'aspect plus sauvage du lieu. Toutes les générations et tous les milieux sociaux semblent se côtoyer dans cet espace des possibles, ne serait-ce que quelques heures. Les adolescents redoublent d'inventivité pour entrer sans payer et sans être accompagnés d'adultes (un groupe d'impayables se fait piquer sur le fait) et certains employés profitent des lieux secrets de la base, la nuit tombée, pour séduire de jeunes filles forcément impressionnées par le physique d'Apollon d'un saisonnier et un goût d'interdit qui a fait ses preuves depuis longtemps. Guillaume Brac aime les fraudeurs, les rebelles. D'ailleurs, il emprunte à Stevenson le titre de son roman-phare et commente : « L’Île au trésor, le livre, est à la fois une quête, un récit d’apprentissage et l’histoire d’une mutinerie, d’un défi lancé à l’autorité. » Régulièrement, le directeur et ses adjoints cherchent comment imposer des règles au nom de la sécurité et sanctionner les fraudes mais Brac revient toujours aux personnages plus malins que l'autorité et qui, en losers magnifiques parfois, la défient. A mesure que l'été s'achève, une mélancolie s'installe au goût de paradis perdu, comme en atteste cette somptueuse séquence nocturne dans l'imposante et creuse pyramide qui domine le lac. Un documentaire tout en subtilités.

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