7 Août 2018
Marcel Gisler signe avec Mario un drame gay dans le monde du football, contexte assez original pour être remarqué. Malgré quelques longueurs, le film donne à voir une histoire d'amour contrariée et explore intelligemment comment le business prend le pas sur la vie privée.
Pour la première fois de sa vie Mario, un jeune footballeur, tombe amoureux de Léon, nouvel attaquant venu d’Allemagne. Mais dans l’équipe, des rumeurs commencent à circuler sur leur relation et Mario voit sa carrière compromise pour intégrer un club de première division.
L'idée de départ du film est venue au réalisateur suisse Marcel Gisler par l'un de ses coscénaristes, fan de foot. Le metteur en scène témoigne : « On a découvert que ce n’était pas du tout le cas, il n’existait pas de film sur une histoire d’amour dans le milieu du football professionnel. Je trouvais cela intriguant, et surtout incompréhensible, que l’homosexualité dans le football soit encore un tabou aujourd’hui. Dans beaucoup d’autres milieux ce problème n’existe plus, du moins dans les pays démocratiques occidentaux. Je me suis dit que cet interdit pouvait offrir une trame intéressante pour raconter une histoire d’amour touchante. »
L'intrigue de Mario commence comme une banale romance, la rencontre de deux hommes qui se rapprochent peu à peu. L'un se sait homosexuel, l'autre ne l'assume pas encore. Mais aucun des deux ne peut se permettre de l'être ouvertement, de faire un « coming out » puisqu'ils veulent évoluer dans le football professionnel et embrasser une carrière nationale, voire internationale. L'homophobie présente chez certains joueurs est surtout très prégnante au niveau des clubs et des sponsors qui ont peur de se voir refuser un soutient financier parce que telle ou telle marque ne souhaite pas être associée à l'homosexualité. Comme le souligne le cinéaste : « Les deux prochains championnats du monde auront lieu en Russie et au Qatar, deux pays où les homosexuels sont mal traités ou même persécutés par la loi. Cela en dit long sur les priorités de la FIFA : c’est l’argent avant les droits de l’homme. » En dépit de quelques longueurs, Marcel Gisler parvient à livrer à la fois une belle histoire d'amour et un film politique qui n'oublie pas de faire du cinéma – les scènes de match sont magnifiquement chorégraphiées et les quinze dernières minutes sont d'une belle maîtrise dramaturgiques.