3 Septembre 2018
Grand Prix lors du Festival de Cannes 2018, BlackKklansman, le nouveau film de Spike Lee est un brûlot politique inspiré d'une histoire vraie autant qu'une acide comédie. Mais, trop caricatural, ne séduit qu'à moitié.
Au début des années 70, au plus fort de la lutte pour les droits civiques, plusieurs émeutes raciales éclatent dans les grandes villes des États-Unis. Ron Stallworth devient le premier officier Noir américain du Colorado Springs Police Department, mais son arrivée est accueillie avec scepticisme, voire avec une franche hostilité, par les agents les moins gradés du commissariat. Prenant son courage à deux mains, Stallworth va tenter de faire bouger les lignes et, peut-être, de laisser une trace dans l'histoire. Il se fixe alors une mission des plus périlleuses : infiltrer le Ku Klux Klan pour en dénoncer les exactions.
Après quelques années difficiles d'échecs commerciaux et / ou artistiques (le piteux remake de Old Boy), Spike Lee revenait en force sur la Croisette avec un film politique entre biopic, thriller et comédie récompensé par le Grand Prix d'un jury présidé par Cate Blanchett. Près de trente ans après la colère de Do the right thing, le cinéaste américain signe un film qui, bien que situé dans les années 70, résonne avec l'actualité politique de son pays.
Adapté du récit du policier Ron Stallworth, BlackKklansman dévoile en un peu plus de deux heures l'incroyable piège tendu par une équipe de flics (John David Washington et Adam Driver, excellents) aux membres de l'organisation suprématiste – jusqu'au plus haut degré. Malgré de nombreuses qualités, le film peine à séduire totalement : trop de longueurs et surtout trop de caricatures sur les rapports entre noirs et blancs. L'humour souvent bienvenu de Spike Lee ne compense pas un manque d'intérêt porté au contexte historique (il montre d'ailleurs en fin de métrage des images très récentes de Charlottesville). Pas un grand film mais le retour d'un réalisateur que l'on croyait perdu dans des films de commande sans âme.