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Un cinéphile dans la ville.

Critiques ciné et autres.

"Hope", un film de Boris Lojkine

Remarqué au Festival de Cannes 2014, Hope marque le passage de Boris Lojkine du documentaire à la fiction. Un drame de la misère et une belle histoire d'amour dans ce film bouleversant.

"Hope", un film de Boris Lojkine

En route vers l’Europe, Hope rencontre Léonard. Elle a besoin d’un protecteur, il n’a pas le cœur de l’abandonner. Dans un monde hostile où chacun doit rester avec les siens, ils vont tenter d’avancer ensemble, et de s’aimer.

 

 

Boris Lojkine, ancien prof de philo, a déjà réalisé plusieurs documentaires, inspirés notamment de ses voyages au Vietnam. Le cinéaste, qui passe à la fiction avec Hope, précise que ses précédentes réalisations ont en commun avec ce nouveau projet d'inviter au voyage et de raconter des vies "traversées par quelque chose de plus grand qu’elle, que ce soit des vies marquées par la guerre ou bien des vies emportées par les vagues de migration." Après des années de recherches, Boris Lojkine a posé sa caméra en Afrique pour filmer les migrants de son scénario, avec uniquement des acteurs non professionnels, de véritables migrants pour la plupart. Pour des raisons de sécurité, le tournage s'est déroulé au Maroc, où des camps de migrants ont été reconstruits, avec un souci du détail rendu possible par le témoignage de nombreux hommes et femmes passés par ces villages de fortune.

 

Hope, c'est d'abord une jeune femme dont on ne sait rien si ce n'est qu'elle fuit son pays, le Nigéria. Ils sont nombreux dans les camions des passeurs, du Congo, du Cameroun, à vouloir rallier l'Europe via Melilla, cette petite enclave espagnole au nord du Maroc. Mais la route est longue et dangereuse, et il faut traverser le désert, l'animosité des autochtones, les passeurs malhonnêtes, la faim, la peur, et parfois le viol et la prostitution. Un jeune migrant camerounais, Léonard, prend, un peu malgré lui, Hope sous son aile et les deux compagnons d'infortune vont affronter ensemble la violence d'une route au bout de laquelle tout le monde ne parvient pas. La caméra de Lojkine, infiniment intime, filme ces deux êtres en déroute au plus près, dans leur lutte, puis les premiers pas d'une histoire d'amour. Entre documentaire et fiction, le film nous balance d'une émotion à l'autre, grâce notamment à l'interprétation remarquable de Justin Wang et Endurance Newton. Comme deux amants en cavale, à la recherche d'un paradis presque interdit, Hope et Léonard sont confrontés à la hiérarchie des camps de migrants (avec sa police, son "chairman"…) et à des choix impossibles. Boris Lojkine mêle fresque romanesque et chronique politique avec un talent et une subtilité rares. Un film à ne pas manquer.

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