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Un cinéphile dans la ville.

Critiques ciné et autres.

"Phoenix", un film de Christian Petzold

Christian Petzold retrouve encore une fois Nina Hoss pour son nouveau film, Phoenix, un mélodrame dans le Berlin d'après-guerre. Une métaphore bouleversante des traumatismes de la guerre et des camps de concentration.

"Phoenix", un film de Christian Petzold

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Nelly, une survivante de l'Holocauste revient chez elle sous une nouvelle identité. Elle découvre que son mari l'a trahie...

 

 

Christian Petzold et sa muse Nina Hoss avaient séduit critique et public avec Barbara (lire l'article du 28 mai 2012), Ours d'argent à Berlin. Trois ans plus tard, c'est encore sur le passé douloureux de son pays que le réalisateur allemand se penche. Librement inspiré du roman Le retour des cendres de Hubert Monteilhet, ce nouveau film, Phoenix, est bien l'histoire d'une renaissance. Il s'agit ici d'identité, d'apparence et de fantômes. Dans la première séquence, des soldats américains demandent à Nelly de découvrir les bandages qui recouvrent son visage pour vérifier qu'elle n'est pas un nazi en fuite. La jeune femme rescapée (mais défigurée) d'Auschwitz s'entend dire ensuite par un médecin qu'elle peut choisir son nouveau visage, même celui d'une actrice célèbre, mais elle n'a qu'une idée en tête : retrouver son vrai visage et retrouver son "Johnny", son mari, qu'il l'aurait pourtant peut-être trahie en 1944.

 

Cette histoire de renaissance (les cendres du Phoenix…) rappelle aussi Vertigo, le chef-d'œuvre de Hitchcock, qui s'avère être, sans surprise, le film préféré de Christian Petzold. Le mari retrouvé ne reconnaît pas sa femme mais lui propose de se faire passer pour elle, à des fins financières. Il modèle sa créature à l'image d'une femme aimée qu'il pense morte. Mais le film de Petzold ne prend pas le même cap. Nelly rêve d'être découverte alors que son mari ne la reconnaît pas, ou par un refoulement inconscient, refuse de reconnaître ce personnage revenu "d'entre les morts" pour filer la métaphore hitchcockienne. Ce double aveuglement, bouleversant, est à l'image de l'Allemagne en 1945, effarée par le monstre né en son sein et pourtant dans l'obligation de renaître. Avec, en toile de fond, une chanson sublime, Speak Low, issue de la comédie musicale One touch of Venus écrite par Kurt Weill en 1943. Un film superbe et passionnant.

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