Critiques ciné et autres.
25 Janvier 2015
Rendez-vous à Atlit est la première réalisation de Shirel Amitai, assistante réal de Jacques Rivette et Claire Simon. Géraldine Nakache, Yael Abecassis et Judith Chemla incarnent trois sœurs dans une comédie mélancolique sur fond de désir de paix en Israël. Inégal mais délicat.
Israël, 1995, la paix est enfin tangible. Dans la petite ville d’Atlit, Cali retrouve ses deux sœurs, Darel et Asia, pour vendre la maison héritée de leurs parents. Entre complicité et fous rires réapparaissent les doutes et les vieilles querelles, ainsi que d’étranges convives qui sèment un joyeux bordel. Le 4 novembre, Yitzhak Rabin est assassiné, le processus de paix est anéanti mais les trois sœurs refusent d’abandonner l’espoir.
Shirel Amitai a travaillé comme assistante sur les dernières réalisations de Jacques Rivette, ainsi que sur le scénario de Gare du Nord de Claire Simon. Rendez-vous à Atlit est son premier long-métrage en tant que réalisatrice. Construit sur les retrouvailles de trois sœurs, le scénario se veut une allégorie de la situation en Israël, avec l'assassinat d'Yitzhak Rabin en toile de fond (l'intrigue se situe à l'automne 1995). Quelques années après la mort de leurs parents, les trois sœurs doivent décider de l'avenir de la maison familiale. Vendre ou ne pas vendre ? L'aînée (Yael Abecassis) vit au Canada depuis trois ans mis reste très attachée à cette terre qu'elle foulait chaque été. La cadette (Géraldine Nakache, étonnante dans ce rôle moins comique) vit à Paris et veut vendre vite. La benjamine (Judith Chemla) est ballottée, incapable de se décider entre ses désirs de voyage et de découverte de l'ayurvéda.
Cette histoire de sœurs et d'héritage familial fonctionne plutôt bien dans sa première partie, notamment grâce à la légèreté inattendue des dialogues et du montage. L'atmosphère est tchékhovienne, entre humour et mélancolie. Cali rafraîchit inlassablement le jardin en friche, comme pour pallier à son désordre intérieur, alors que Darel joue la mère de substitution. Malheureusement, la fausse bonne idée du film est de faire intervenir les parents défunts sous forme de fantômes loufoques. En résultent des séquences décousues et qui apportent très peu à la narration. Mais, en dépit de cet écueil, la dernière partie du film est très réussie et bascule dans l'amertume, avec la mort de Rabin, et avec lui de l'espoir de paix. La scène dans laquelle les sœurs apprennent la mort du Premier Ministre est un beau numéro d'équilibriste.