Critiques ciné et autres.
2 Février 2015
Noémie Saglio et Maxime Govare signent leur premier film avec Toute première fois, une comédie romantique avec Pio Marmaï et Franck Gastambide. Un mélange inégal de très bonnes vannes et d'intrigue invraisemblable à laquelle on peine à se raccrocher.
Jérémie, 34 ans, émerge dans un appartement inconnu aux côtés d’Adna, une ravissante suédoise aussi drôle qu’attachante. Le début dʼun conte de fées ? Rien nʼest moins sûr car Jérémie est sur le point de se marier… avec Antoine.
L'écurie Canal Plus est au cœur de ce premier long-métrage signé Noémie Saglio (co-réalisatrice de Connasse avec déjà Camille Cottin) et Maxime Govare (scénariste pour diverses séries). "Nous avions très envie d’aborder le genre de la comédie-romantique mais de manière plus « trash » que ce que l’on voit généralement dans ce style de films, en tout cas en France" déclarent-ils. De fait, il s'agit de la première comédie à aborder le récent "mariage pour tous". Mais de la part de la créatrice du personnage qu'on adore détester de Connasse, on pouvait espérer un ton plus subversif. C'est le paradoxe de ce film, plutôt amusant par ailleurs, mais quoi nage sans cesse à contre-courant de ce qui semble être son essence, sûrement tiraillé entre le désir du politiquement incorrect et celui de ratisser un public le plus large possible.
Le casting, relativement irréprochable, rassemble des acteurs dans l'air du temps : Pio Marmaï (parmi les nouveaux beaux gosses du cinéma français), Franck Gastambide (star et créateur des Kaïra), Camille Cottin (Connasse), Sebastien Castro (révélé par Pierre Palmade), Nicole Ferroni (révélée chez Ruquier et chroniqueuse sur France Inter), ainsi que deux seconds rôles essentiels dans le cinéma français actuel, Isabelle Candelier et Frédéric Pierrot. Malheureusement, qui peut croire à l'histoire de ce jeune homme gay qui connaît sa première expérience hétéro à 34 ans et envisage de tout plaquer, à quelques semaines de son mariage avec son compagnon de dix ans… D'autant plus que le film semble parfois prôner, maladroitement et involontairement, un retour à la "normalité" hétéro, tout en empilant les clichés sur le soi-disant modèle du couple gay. En dépit de cet écueil fatal, il faut reconnaître que les vannes fusent et fonctionnent plutôt bien, entre humour potache et pastilles surréalistes (apparition de Diane Tell qui réenregistre un clip de Si j'étais un homme). Les seuls personnages vraiment intéressants et émouvants sont les parents incarnés par les géniaux Isabelle Candelier et Frédéric Pierrot, néo soixante-huitards effarés par la vie consensuelle de leur fille (hétéro) et admiratifs de "l'audace du mariage gay". Une comédie inégale, qui fait souvent rire mais laisse un souvenir trop fade dans l'esprit du spectateur.