Critiques ciné et autres.
5 Juin 2015
Alex Garland, scénariste régulier de Danny Boyle, réalise son premier film, Ex Machina. Une œuvre de science-fiction autour de l'intelligence artificielle, à la fois sobre et intense.
Caleb, 24 ans, est programmateur de l’une des plus importantes entreprise d’informatique au monde. Lorsqu’il gagne un concours pour passer une semaine dans un lieu retiré en montagne appartenant à Nathan, le PDG solitaire de son entreprise, il découvre qu’il va en fait devoir participer à une étrange et fascinante expérience dans laquelle il devra interagir avec la première intelligence artificielle au monde qui prend la forme d’un superbe robot féminin.
Le scénariste Alex Garland a écrit trois des grands succès du réalisateur Danny Boyle (La Plage, 28 jours plus tard et Sunshine). Pour son premier film en tant que réalisateur, il choisit de poursuivre dans le genre qu'il préfère, la science-fiction. Ex Machina s'intéresse à un thème classique du genre, l'intelligence artificielle. Un grand patron retiré au bout du monde invite un de ses développeurs pour une semaine de collaboration sur son nouveau projet secret de "robot à conscience humaine", une intelligence artificielle ultra développée, le graal de tout chercheur dans le domaine.
Le personnage du PDG, milliardaire excentrique et génie, fait penser à Mark Zuckerberg ou Bill Gates pour l'alliage de coolitude et de richesse infinie, mais Oscar Isaac (remarquable) convoque le souvenir de deux figures mythiques du cinéma : Stanley Kubrick pour l'aspect ombrageux et manipulateur (et la barbe !) et le Colonel Kurtz incarné par Marlon Brando dans Apocalypse Now, référence évidente au premier regard et assumée par Alex Garland : "J'entretiens dans ma tête une lointaine analogie entre Nathan et le personnage de Kurtz. Tous deux ont passé trop de temps seuls en amont du fleuve. Quand on voit Nathan pour la première fois, sa raison a déjà commencé à se désagréger."
La mise en scène épurée utilise les effets spéciaux avec parcimonie (magnifique constitution de "corps robot" sur Alicia Vikander) et profite de tous les atouts d'un décor de huis clos ultra moderne : fonds monochromes, surcadrages avec effets de transparence, aspect labyrinthique… On regrette parfois que le scénario reste prévisible, avec des retournements justement annoncés par trop d'indices, mais l'interprétation de Domhnall Gleeson et Oscar Isaac permet de maintenir un suspense étouffant dans ce face à face paranoïaque. Une belle réussite, avec les écueils d'une première réalisation.