Critiques ciné et autres.
26 Juin 2015
Dans la veine des films américains d'épouvante à petit budget, Unfriended, réalisé par le russe Levan Gabriadze, s'avère être un défi de mise en scène intéressant et une chronique fascinante sur le cyber-harcèlement.
Une jeune lycéenne se suicide après qu'une vidéo compromettante sur elle ait été publiée sur Internet. Un an plus tard, six de ses amis se connectent, un soir, sur skype, pour "tchater" entre eux. Mais une septième personne, inconnue des autres, se connecte également. Cet intrus se montre très vite sous un visage inquiétant et menace les six amis de tuer le premier qui se déconnectera. Peu à peu, les événements tragiques qui ont marqué la bande, un an plus tôt, refont surface et se montrent sous un nouveau jour.
Depuis Le Projet Blair Witch, à la fin des années 90, tous les producteurs de films d'horreur rêvent de cette équation miracle : un tout petit budget + un énorme carton en salles = un pactole. Paranormal Activity a relevé le défi et aujourd'hui, dans cette veine, c'est Unfriended qui débarque en salle. A défaut d'être un succès public, le film pourrait devenir culte pour la génération Y. Une lycéenne victime de harcèlement sur Facebook se donne la mort. Un an plus tard, son compte réapparaît sur le réseau social pour tourmenter ses "amis" et bourreaux. Le scénario est des plus classiques, une bête histoire de vengeance post mortem surfant (c'est le mot) sur les secrets inavouables qu'un inconnu ou une force obscure vont pousser à révéler (déjà le point de départ du culte Souviens-toi l'été dernier).
Si Unfriended n'est jamais réellement effrayant (et c'est un peu dommage), le film est une réussite formelle étonnante. Pendant 1h20, tout se passe sur un écran d'ordinateur en temps réel, dans un (faux) plan-séquence composé de conversations Facebook, Gmail, iMessage et autres, ainsi que de conversations vidéo sur Skype entre les protagonistes apparaissant simultanément à l'écran. L'intérêt du film ne se situe cependant pas que dans sa forme. Le propos est tout aussi riche. L'air de rien et sous le masque d'un film de genre mineur, Unfriended expose le fléau qui menace la jeune génération : à l'heure des réseaux sociaux et de l'internet tout puissant, il suffit d'un clic pour faire et défaire une réputation, pour mener quelqu'un à la mort, qu'elle soit sociale ou bien réelle. Cette menace, insaisissable, plane sur les six ados dont les visages d'angelots à la fois insouciants et terrifiés se pixélisent dans des bugs de l'image (le datamoshing) d'une beauté étonnante. Une agréable surprise dans un genre trop souvent sinistré par les réalisations calamiteuses et les scénarii indigents.