Critiques ciné et autres.
2 Juillet 2015
La vie mouvementée de Brian Wilson, leader des Beach Boys, donne lieu à un biopic original, Love & Mercy, réalisé par Bill Pohlad, plus connu comme producteur à succès. Un film intéressant, axé sur deux périodes de la vie de l'artiste et qui montrent la complexité du personnage.
Derrière les mélodies irrésistibles des Beach Boys, il y a Brian Wilson, qu’une enfance compliquée a rendu schizophrène. Paul Dano ressuscite son génie musical, John Cusack ses années noires, et l’histoire d’amour qui le sauvera.
Les Beach Boys sont le groupe américain emblématique du début des années 60, ils furent aux Etats-Unis ce que les Beatles furent au Royaume-Uni. Cependant, Bill Pohlad ne souhaitait pas réaliser un biopic sur le groupe mais bien sur son leader, Brian Wilson, à travers deux périodes charnières de sa vie : l'apogée de la gloire au milieu des années 60 et la lente sortie des enfers au milieu des années 80. Montées en parallèle, ces deux périodes fonctionnent en miroir et Brian Wilson est incarné par deux acteurs (Paul Dano et John Cusack). Pour son premier film en tant que réalisateur, Bill Pohlad, que l'on connaît mieux comme producteur de Into the wild ou Brokeback Mountain, a donc une ambition forte et réussit son pari de portrait bicéphale d'un artiste complexe.
Une enfance marquée par la violence d'un père exigeant qui poussera ses fils (et son neveu) au sommet des charts, un caractère introverti et un génie musical sont les piliers d'une légende de la pop-rock. Brian Wilson écrit et compose tous les tubes, délaisse les tournées (ses frères et son cousin s'en sortent sans lui) et, en proie à des voix et des angoisses de plus en plus présentes, ne veut passer du temps qu'en studio pour peaufiner son œuvre qu'il voudrait voir s'éloigner des standards radiophoniques. En témoigne l'enregistrement du chef-d'œuvre Pet Sounds, en 1966, que le film reproduit dans un de ses meilleurs passages. En miroir, Bill Pohlad nous montre le même Brian Wilson, vingt ans plus tard, incarné avec grâce par John Cusack, sous la coupe d'un psy-gourou (Paul Giamatti, terrifiant) qui le bourre de médicaments pour mieux le contrôler. Le salut viendra de sa rencontre avec une charmante vendeuse de voitures (Elizabeth Banks) qui deviendra sa femme en 1995 et avec qui il vit encore aujourd'hui. Le mouvement de balancier délicat qu'opère le film entre les deux époques de la vie de Brian Wilson est la grande réussite de ce film, en dépit de quelques séquences finales un peu cucul.