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Un cinéphile dans la ville.

Critiques ciné et autres.

"Victoria", un film de Sebastian Schipper

Sebastian Schipper réalise un tour de force avec son nouveau film, Victoria, un thriller en temps réel, tourné en un seul plan-séquence. Au-delà de la performance technique, le film fascine par sa vision de la jeunesse européenne et son suspense haletant.

"Victoria", un film de Sebastian Schipper

5h42. Berlin. Sortie de boîte de nuit, Victoria, espagnole fraîchement débarquée, rencontre Sonne et son groupe de potes. Emportée par la fête et l'alcool, elle décide de les suivre dans leur virée nocturne. Elle réalise soudain que la soirée est en train de sérieusement déraper…

 

 

Quatrième film de son réalisateur, Victoria a reçu l'Ours d'argent de la meilleure contribution artistique lors de la dernière Berlinale ainsi que six "Lola", les César allemands, dont meilleur film, meilleur réalisateur, meilleurs acteur et actrice. Victoria, une jeune espagnole qui vient de s'installer à Berlin rencontre, au bout de la nuit, en sortant de boite de nuit, un groupe de jeunes garçons, Sonne, Boxer, Blinker et Fuss. Se liant rapidement d'amitié avec eux, la jeune femme va les suivre et basculer dans un univers qu'elle ignore, avec des conséquences qui seront, thriller oblige, dramatiques. Musique (belle ouverture dans le club), alcool, vol, transgression, voilà le programme de ce film dont la particularité n'est pas des moindres : il a été tourné en temps réel, en un plan-séquence de 2h14 avec les paris qu'on imagine : improvisation des acteurs sur une trame écrite, capacité extrême d'adaptation de l'équipe technique…

 

Au-delà de la rareté du dispositif (L'arche russe de Sokourov est l'exemple le plus fameux), le film impressionne par sa construction virtuose. La première heure donne à voir une jeunesse européenne mise en difficulté par la crise économique, à la fois effrayée par un avenir incertain et se plongeant dans la transgression comme ultime protection contre la réalité. Au fil des rues désertes de Berlin la nuit, ces jeunes boivent, fument, se draguent, montent sur un toit… jusqu'à ce que le récit ne les fasse basculer dans une course effrénée, forcément tragique. La solidarité, maître mot du film, va être mise à rude épreuve et la bande de jeunes va devoir improviser (comme les acteurs). Le suspense se fait haletant jusqu'à un final à la fois prévisible et qui intervient de manière inattendue. La fluidité des événements et le dispositif de tournage donnent à cette histoire quelque chose de "suspendu", comme le souffle du spectateur dans la dernière demi-heure. La belle surprise de ce début d'été.

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