Critiques ciné et autres.
27 Octobre 2015
Sept ans après Avatars, William Sheller publie Stylus, un album dépouillé et concis porté par son emblématique piano. "Un album de transition" selon l'un des plus discrets chanteurs français.
Depuis quarante ans, William Sheller s'est trouvé une place à part dans le paysage musical français, entre tubes et expérimentations symphoniques. En 1991, il décroche son plus grand succès avec la ballade Un homme heureux, extraite de son récital piano / voix Sheller en solitaire. Après deux albums plus rock et plus produits (Albion en 1994 et Les machines absurdes en 2000), Sheller est devenu indissociable de son piano avec le chef-d'œuvre Epures (son plus bel album, paru en 2004) et une tournée en 2007 avec un quatuor à cordes. Si Avatars, son dernier album en date (2008), mêlait pop britannique et musique plus intime, Stylus, son douzième album, revient à la formule piano / cordes.
L'ouverture du disque est tubesque avec le sautillant Youpylong dans lequel le chanteur discret confie s'être "acheté un jardin sur la Lune juste du côté que l'on ne voit pas". Du Sheller comme on l'adore qui poursuit sur Une belle journée avant de ralentir le rythme pour un Bus Stop et une des deux interludes instrumentales. 10 pistes pour 30 minutes de musiques, c'est un album bref mais intense que nous propose Sheller à l'aube de ses 70 printemps. Ce disque, William Sheller a failli ne pas le faire et le voit comme "un album de transition" vers d'autres expérimentations. D'ailleurs, deux morceaux de cet opus sont des dépoussiérages de chansons du passé – les deux meilleurs plages de cet album par ailleurs excellent. Les enfants du week-end, morceau paru sur un EP piano / voix en 2010, bouleverse par sa mélodie et son texte mélancolique sur les enfants de divorcés. Enfin, le joyau de Stylus est la redécouverte d'une pépite issue de son premier album (1975) : Comme je m'ennuie de toi, sublime déclaration d'amour que ne renierait pas Véronique Sanson et revisitée quarante ans après sa parution originale. Après ce disque court mais euphorisant, on espère retrouver William Sheller dans de nouvelles aventures discographiques au plus vite, mais le maître aime prendre son temps (en moyenne cinq à sept ans entre ses six derniers albums). Nous aurons donc le temps de revisiter son incroyable discographie.