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Un cinéphile dans la ville.

Critiques ciné et autres.

"Mekong Stories", un film de Phan Dang Di

Phan Dang Di signe avec Mekong Stories la chronique poétique d’une jeunesse dans le tourbillon d’une société en pleine mutation. La très belle mise en scène fait oublier un scénario un peu faible.

"Mekong Stories", un film de Phan Dang Di

Saigon, début des années 2000. Vu est apprenti photographe, Thang vit de petits trafics et Van rêve de devenir danseuse. Réunis par le tumulte de la ville, ils vont devoir affronter la réalité d’un pays en pleine mutation.

 

 

Phan Dang Di, qui a étudié à l’Académie de théâtre et de cinéma de Hanoï, est un des premiers réalisateurs vietnamiens à connaître la reconnaissance internationale. En 2008, son court-métrage When I am 20 est sélectionné à Venise alors que son premier long, Bi, n’aie pas peur, est couronné de deux prix à Cannes en 2010, dans la section Semaine de la critique. Son nouveau film, Mekong Stories, se situe dans un Vietnam en pleine mutation, en 2000, quelques années à peine après la fin d’un embargo américain qui aura duré près de vingt ans. Le réalisateur se souvient de l’atmosphère de l’époque, avec l’arrivée de la consommation de masse et d’un nouvel « espoir » pour la jeunesse. C’est cette jeunesse, peut-être la sienne, qu’il donne à voir dans ce film qui met en scène un triangle amoureux.

 

La mise en scène de Phan Dang Di est très sensuelle, notamment dans une séquence en forêt de toute beauté. Après une explosion du désir sur une barque chahutée par des « volontés contraires », les personnages se retrouvent dans la boue, faisant littéralement corps avec la matière. Le réalisateur capte brillamment quelque chose de la langueur et de l’ivresse de cette jeunesse et filme des corps en mouvement, s’étreignant ou se battant. A cette poésie vient se confronter une réalité terrifiante : dans ce pays pauvre et très peuplé, on propose aux hommes ayant déjà un enfant (ou réussissant à obtenir – assez facilement – un certificat adéquat) une vasectomie contre une importante somme d’argent. Le cinéaste se perd parfois un peu entre ces deux pôles – onirisme et réalisme – mais sa mise en scène reste toujours sur un équilibre élégant.

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