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Un cinéphile dans la ville.

Critiques ciné et autres.

"Théo et Hugo dans le même bateau", un film de Olivier Ducastel et Jacques Martineau

Olivier Ducastel et Jacques Martineau livrent avec Théo et Hugo dans le même bateau le récit en temps réel d’un amour naissant. Un bel hommage à l’amour, au cinéma et à Paris la nuit.

"Théo et Hugo dans le même bateau", un film de Olivier Ducastel et Jacques Martineau

Dans un sex-club, les corps de Théo et de Hugo se rencontrent, se reconnaissent, se mêlent en une étreinte passionnée. Passé l’emportement du désir et l’exaltation de ce premier moment, les deux jeunes hommes, dégrisés, dans les rues vides du Paris nocturne, se confrontent à leur amour naissant.

 

 

Olivier Ducastel et Jacques Martineau font des films en tandem depuis une vingtaine d’années déjà. Le duo se fait remarquer dès son premier long-métrage, Jeanne et le garçon formidable, sous l’influence de Jacques Demy, avec qui Ducastel a travaillé dans les années 80. Après la fresque Nés en 68, l’adaptation de Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce avec la Comédie-Française et leur film le plus bouleversant, L’arbre et la forêt, les deux cinéastes ont décidé de montrer sans fard le coup de foudre entre deux jeunes hommes dans un sex-club puis dans la nuit parisienne.

 

Le parti pris de départ du film est fort à plusieurs égards. Si le titre est un hommage à Jacques Rivette (Céline et Julie vont en bateau, 1974), le récit emprunte le même schéma que le chef-d’œuvre d’Agnès Varda Cléo de 5 à 7, à savoir un parcours en temps réel dans Paris avec le sombre présage de la maladie à l’arrivée. De plus, la séquence d’ouverture assume le choix radical fait par les réalisateurs, quitte à perdre le grand public : vingt minutes de sexe non simulé dans un sex-club gay parisien. Cette introduction, d’un bel érotisme mais un peu longue, a le mérite d’aborder frontalement ce qui l’est rarement dans le cinéma « traditionnel » - gay ou non – c’est-à-dire la sexualité crue, le désir pur. Pendant 1h40, en temps réel, donc, Théo et Hugo vont déambuler dans un Paris désert et nocturne. Mais le romantisme fait vite place à la crainte de la transmission du VIH (les garçons n’ont pas été prudents) : urgences, visite médicale, c’est un véritable manuel de prévention post-rapport à risque. Ducastel et Martineau sont souvent comme ça, ils intègrent une forme d’éducation, presque politique, à leur récit. La grande réussite du film est dans sa mise en scène (qui a complètement intégré le meilleur de la Nouvelle Vague) et le regard à la fois grave et enfantin porté par les réalisateurs sur ce couple qui se forme sous nos yeux. De 4h25 à 6h00 (« c’est là que tout commence ! » dit Hugo), le spectateur est entraîné dans un tourbillon amoureux remarquablement interprété et d’une liberté qui fait plaisir à voir dans le cinéma français.

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