Critiques ciné et autres.
26 Octobre 2017
Quatre ans après ses faux adieux au cinéma, Steven Soderbergh revient à la comédie de braquage avec Logan Lucky. Action et humour sont au programme, mais aussi un regard très intéressant sur l’Amérique déclassée.
Deux frères pas très futés décident de monter le casse du siècle : empocher les recettes de la plus grosse course automobile de l’année. Pour réussir, ils ont besoin du meilleur braqueur de coffre-fort du pays : Joe Bang. Le problème, c’est qu’il est en prison…
Palme d’or à 26 ans, auteur de l’euphorisante trilogie de braquages à Las Vegas (Ocean’s 11, 12, 13), enchaînant un ou deux films par ans pendant vingt ans, Steven Soderbergh annonçait en 2013 qu’il arrêtait le cinéma pour se consacrer à la télévision – ce qu’il fit avec The Knick et Ma vie avec Liberace finalement aussi sorti en salles. Lorsque Rebecca Blunt, une amie scénariste, lui fait lire le scénario qu’elle a écrit pour avoir son avis, Soderbergh ne résiste pas à la tentation et décide de revenir aux affaires, mais sans les grands studios : « C’est une sorte de frère de Ocean’s Eleven, mais un frère inversé, car dans Logan Lucky les héros n’ont pas d’argent et aucune technologie. Ils vivent dans des conditions économiques très difficiles, et quelques sacs poubelle remplis de billets suffiraient à transformer leur vie » ajoute le cinéaste.
Les deux frères héros du film sont représentatifs de l’Amérique déclassée, loin des grandes villes, cette Amérique qui vit chichement et a voté majoritairement pour Trump. Jimmy qui a perdu son emploi sur un chantier, Clyde, vétéran barman dans un rade miteux, forment une équipe de bras cassés – littéralement par la claudication du premier et l’amputation d’une main du second lors d’un combat en Irak – qui vont avoir l’idée folle d’organiser, avec des moyens quasiment inexistants, le casse de la plus grande course automobile de l’année. Soderbergh ne rit pas de ses personnages mais avec eux, tout comme le maître du coffre-fort, incarné par un Daniel Craig peroxydé et désopilant, et ses deux frères un peu simplets, born again et véritables rednecks. Le film, au rythme effréné, jongle savamment entre action et comédie, sans jamais oublier de porter un regard sur l’Amérique d’aujourd’hui.