Critiques ciné et autres.
10 Novembre 2017
Six ans après leur premier long-métrage, David et Stéphane Foenkinos signent un nouveau film à quatre mains, Jalouse, avec Karin Viard en tête d’affiche. Une comédie douce-amère sur une femme entre deux âges.
Nathalie Pêcheux, professeure de lettres divorcée, passe quasiment du jour au lendemain de mère attentionnée à jalouse maladive. Si sa première cible est sa ravissante fille de 18 ans, Mathilde, danseuse classique, son champ d'action s'étend bientôt à ses amis, ses collègues, voire son voisinage... Entre comédie grinçante et suspense psychologique, la bascule inattendue d’une femme.
En 2011, les frères Foenkinos adaptaient le roman de l’un, La délicatesse, pour un résultat très moyen, mais avec une BO sublime d’Emilie Simon. Six ans plus tard, sur un scénario original cette fois, les auteurs s’attaquent à la « midlife crisis » d’une femme qui ne supporte plus la beauté de sa fille, la fraîcheur de sa nouvelle collègue et le bonheur conjugal de sa meilleure amie comme de son ex-mari.
Il fallait le talent de Karin Viard pour incarner cette femme aussi attachante que cassante, aussi douce que cruelle, capable de souffler le chaud et le froid dans la même phrase. L’actrice, pleine de nuances, évite toujours les clichés et forme un tandem parfait avec Anne Dorval (quelle douceur, quelle finesse dans son jeu, dans ses regards !) dont le bonheur – peut-être pas si absolu – lui devient insupportable jusqu’à lui dire des horreurs. Mais c’est la confrontation avec la beauté de sa fille de 18 ans qui va ramener l’héroïne à sa solitude, à son angoisse de vieillir seule, à ses regrets, alors qu’elle est encore très belle et mène une brillante carrière. Petit à petit, le film quitte la pure comédie pour installer une atmosphère plus mélancolique, jusqu’à une très belle rencontre avec une mère de substitution lors d’une séance de piscine. Un joli film qui sait parfaitement gérer les virages de son scénario.