Critiques ciné et autres.
27 Novembre 2007
Nouvelle réalisation de Robert Redford, Lions for lambs (Lions et agneaux) est sur les grands écrans depuis le 21 novembre 2007.
Avant tout, le pitch officiel :
Ils sont six. Tous sont impliqués de près ou de loin dans le combat de l'Amérique contre le terrorisme. Chacun arrive à un tournant de sa vie et les enjeux ne vont en être que plus élevés.
A Washington, un sénateur aux ambitions présidentielles essaie de vendre la dernière stratégie globale à une journaliste d'information de télévision redoutée. Entre eux, c'est une lutte d'intelligence, de charme et d'intérêts…
Dans une université de la côte ouest, un professeur idéaliste tente de convaincre un étudiant blasé de changer l'orientation de sa vie pour réaliser son potentiel.
De l'autre côté de la planète, dans les montagnes enneigées de l'Afghanistan, deux de ses anciens élèves, loin des discours politiques et des arguments de leurs mentors, se battent juste pour survivre…
Le film est structuré par trois conversations se déroulant simultanément en trois lieux. A Washington, entre le sénateur Irving (Tom Cruise) et une journaliste d'information (Meryl Streep). Irving est un néoconservateur qui présente sa nouvelle stratégie pour gagner au moins une guerre avant la fin du mandat de Bush, "à n'importe quel prix". A Berkeley, entre Malley (Robert Redford) et Todd, un étudiant brillant et anticonformiste (l'étonnant et jeune Andrew Garfield). Le professeur de science politique discute du désintérêt du jeune homme pour son avenir. En Afghanistan, entre deux soldats, Ernest l'afro-américain (Derek Luke) et Arian, le mexicain (Michael Pena). Tombés d'un hélicoptère sur le sommet d'une montagne et entourés "d'ennemis", ils se donnent du courage en attendant la mort.
Ces vies sont liées car les deux soldats de cette guerre dont parlent le prof et l'étudiant sont les premiers participant à la nouvelle mission du sénateur qui tente de la "vendre" à la journaliste.
Robert Redford, pour sa septième réalisation en 27 ans, choisit donc un thème récurrent du ciné US post 9/11. Mais son œil de démocrate est particulièrement intéressant car il met en lumière les vrais enjeux de l'Amérique d'aujourd'hui.
Le réalisateur-acteur parle de son film : "Ce qui m'a attiré dans Lions for lambs, c'est la façon dont il utilise la guerre comme catalyseur pour montrer trois histoires personnelles qui soulignent des problèmes importants de notre société : le rôle des médias, de l'éducation, de la politique et de la jeunesse en Amérique. Le fait que ces histoires se rejoignent en un final dramatique et poussent le spectateur à se demander où nous en sommes me semblait passionnant à explorer."
En effet, le film parvient en 90 minutes à pousser à une vraie réflexion et le film ne tombe pas dans le manichéisme. A travers le discours prof/élève, Redford s'adresse à la droite républicaine dans un film relativement engagé. Le message donné au peuple de gauche, aux intellectuels et à tous les américains de manière générale est le suivant : engagez-vous, l'heure du changement arrive. Mais l'engagement n'est pas militaire. La guerre se situe ailleurs. Dans les journaux, dans les esprits, sur les écrans de télévision… Selon le réalisateur Redford et le scénariste Matthew Carnahan, le problème est celui de conjurer l'autoritarisme dans lequel seuls ceux qui agissent (comme le sénateur) ont le droit d'être écoutés. Les deux jeunes soldats qui s'engagent dévoilent dans un flashback que leur volonté est de partir se battre et gagner afin d'obtenir à leur retour l'autorité des héros pour changer les choses. Mais leur exposé dans l'université est peut-être la scène la plus importante du film, celle où ils présentent leur idée de réforme du système éducatif.
Lions et agneaux est un film intelligent, captivant et qui aborde l'Amérique en guerre avec l'honnêteté de pointer (par la bouche du sénateur) les nombreuses erreurs stratégiques commises par le gouvernement US depuis le 11 septembre 2001.
Mention spéciale : Meryl Streep montre, une fois de plus, qu'elle est aujourd'hui la plus grande actrice américaine vivante. Sa seule apparition crève l'écran.