Critiques ciné et autres.
6 Janvier 2008
Après la Palme d'Or en 2006 avec Le vent se lève, Ken Loach revient à l'affiche avec son nouveau long-métrage : It's a free world…
Voici l'histoire : Angie se fait virer d'une agence de recrutement pour mauvaise conduite en public. Elle fait alors équipe avec sa colocataire, Rose, pour ouvrir une agence dans leur cuisine. Avec tous ces immigrants en quête de travail, les opportunités sont considérables, particulièrement pour deux jeunes femmes en phase avec leur temps.
Malgré quelques scènes dispensables et quelques longueurs, It's a free world… marque pour Ken Loach un beau retour à ses préoccupations quant à la Grande-Bretagne populaire et ouvrière. Selon Loach, l'origine du film remonte aux Dockers de Liverpool, un documentaire qu'il a réalisé en 1997. "La disparition de la sécurité de l'emploi des travailleurs et l'augmentation du nombre d'agences de placement sont des éléments très significatifs sur lesquels on ne communique pas. C'est pourtant un fait explicite de la manière dont la vie des gens a changé, et aussi le résultat d'une décision politique, qui peut être remise en question. (…) Le scandale de l'exploitation des travailleurs immigrés en Grande-Bretagne est plus fort que jamais. Mais cette fois, j'ai pensé qu'il serait intéressant de se pencher sur l'attitude et l'état d'esprit des gens qui sont de l'autre côté, les exploiteurs. Faire un film sur les exploités aurait été trop prévisible."
Le film traite non seulement des conditions de travail et de vie des travailleurs clandestins mais surtout des personnes qui "tiennent" ce marché.
Ken Loach parle d'Angie, le rôle principal : "Elle est un produit de la contre-révolution Thatcher qui a mis la priorité sur les affaires, le don d'entreprendre et qui a encensé l'idée de se faire 'une place au soleil' en jouant des coudes. Angie est quelqu'un d'agréable à fréquenter mais dont on ne voudrait vraiment pas comme amie proche."
Le film ne juge pas les personnages, comme souvent chez Loach, même si bon nombre d'entre eux sont ambigus. Angie est un maillon dans la chaîne de sous-traitance des grandes entreprises. Cette main d'œuvre exploitée car dans l'urgence de gagner quelques sous nous permet, à tous, d'acheter nos produits tranquillement dans nos supermarchés. Des images difficiles, des situations terribles, ce dont l'humain est capable… Je ne me permettrais pas de juger. A vous de voir.