Le dernier (ultime?) film de Luc Besson est sorti le 21 décembre 2005, après un tournage voilé de mystère et un silence absolu du cinéaste quant à son projet jusque quelques jours avant sa sortie.
Angel-A. Un film en noir et blanc de toute beauté. Le directeur de la photographie, Thierry Arbogast, se serait-il inspiré du travail de Patrice Leconte dans La fille sur le pont? Jamel Debbouze m'a une seconde fois conforté dans l'idée que je préfère ses compositions sur grand écran que sur scène ou plateaux TV. Drôle et émouvant. Rie Rasmussen est hypnotisante, force et fragilité.
Troublant. Le réalisateur semble faire sa propre psychanalyse (ou la mienne, peut-être tout simplement). Comment réussir à vivre quand on ne s'aime pas? Apprendre à s'aimer n'est pas si facile. Le miroir peut être le pire ennemi, mais pas toujours. Le personnage d'André, interprêté par Jamel Debbouze, n'y voit que son côté sombre ("une merde"), puis rien (-Que vois-tu? -J'en sais rien). Alors qu'il est "au bout du rouleau", il songe à se supprimer, pour fuir les dettes et les ennuis. Mais elle fait irruption dans sa vie. André pense de pas avoir d'avenir, Angela ne sait rien de son propre passé. Elle est un ange, en fait le double et le contraire d'André, comme un inconscient, ou en tout cas l'incarnation (il fallait bien pour le film...) de son travail d'introspection. Grâce à elle, il trouvera la force de se confronter à lui-même et d'accepter ce qu'il est vraiment.
Pour Luc Besson, la vérité et l'amour semblent être le chemin vers l'acceptation de soi, et donc des autres. Soit. Le simple fait d'être mortel est une chose parfois difficile à concevoir. Peut-être faut-il dépasser ses peurs, accepter qui l'on est, apprivoiser l'idée de la vie et de la mort, et enfin -surtout- ne jamais laisser quiconque décider pour soi...