Critiques ciné et autres.
21 Mars 2012
Julie Delpy dévoile la suite des aventures de Marion Dupré dans 2 days in New-York, quatre après le succès de 2 days in Paris. Un quatrième long-métrage d'une franco-américaine qui est désormais une réalisatrice sur laquelle il faut compter. Un film insolent, hilarant et qui explose les conventions de la comédie romantique.
Marion est désormais installée à New York, où elle vit avec Mingus, un journaliste de radio, leurs deux enfants qu’ils ont eus de relations antérieures et un chat. Le couple est très amoureux ! Marion est toujours photographe et prépare son exposition. Son père, sa sœur et son petit copain (qui est en fait l’ex de Marion et qui n’était pas prévu du tout) débarquent à New York pour le vernissage. Le choc des cultures mais surtout les personnalités débridées des trois arrivants vont provoquer un véritable feu d’artifice entre Mingus, un vrai "newyorker", Marion disjonctée sur les bords, son père qui ne parle pas un mot d’anglais, sa sœur toujours en phase avec ses problèmes freudiens, et son petit ami… no comment ! Vous pouvez deviner la suite, ou pas…
En 2007, Julie Delpy connaissait son premier vrai succès en France (plus de 270 000 entrées) avec son premier "vrai" long-métrage en tant que réalisatrice, 2 days in Paris (lire l'article du 11 août 2008). La Comtesse marquait un tout autre style (lire l'article du 25 mai 2010) avant un retour à la comédie avec le récent succès Le Skylab (lire l'article du 10 octobre 2011) et ses 250 000 entrées. Il était temps de donner une suite attendue à son premier film. C'est chose faite avec 2 days in New-York qui reprend les personnages principaux, excepté Adam Goldberg, remplacé par la réalisatrice pour éviter le phénomène de diptyque déjà connu avec Before sunset / Before sunrise qu'elle avait écrits, et Marie Pillet, la mère de Julie Delpy dans le film et dans la vie, décédée en 2009. On jubilait de retrouver Albert Delpy, son père dans la vie et dans le film, pour son humour trash et lunaire à la fois, et 2 days in New-York est largement à la hauteur.
Le film démarre sur un résumé de la situation de Marion, pour ceux qui n'auraient pas vu le premier volet, par des marionnettes animées, technique que Julie Delpy a elle-même utilisée pour expliquer à son jeune fils la mort de sa grand-mère. Marion Dupré semble bien être définitivement le double de Julie Delpy, française vivant aux USA, artiste névrosé, bobo, de gauche et attachée à sa famille foldingue et survoltée. Elle file le parfait amour avec son nouvel amoureux, Mingus (irrésistible Chris Rock), quand son père (Albert Delpy, génial -qu'attend-on pour lui donner un César ?!), sa sœur (Alexia Landeau, coscénariste du film) et son mec (Alex Nahon), qui est un ex de Marion, le fameux Manu de 2 days in Paris. Marion organise son exposition de photos, très importante et conceptuelle (elle et ses ex dans un lit), au cours de laquelle son agent compte créer le buzz en vendant son âme aux enchères. Cela donnera une scène lunaire et métaphysique avec l'excellent et trop rare Vincent Gallo, dans son propre rôle. Le choc des cultures entre le très new-yorkais Mingus et Jeannot, le patriarche anar et chargé de charcuterie française, provoque des étincelles à mourir de rire, d'autant plus que Rose (la sœur) et Manu ne cessent de foutre la merde. La force du film est dans l'intelligence des situations cocasses et les dialogues, parfaitement calibrés.
Julie Delpy ne ménage pas ses efforts, que ce soit dans son jeu ou dans son écriture, parfois très crue, analysant les travers du chacun ("Oh non, papa, tu vas pas te branler, hein ?" pourrait devenir culte). Entre réflexion sur l'enfance, le couple et la culture, 2 days in New-York est la comédie que 2012 attendait.
...HB...