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Un cinéphile dans la ville.

Critiques ciné et autres.

L'ivresse du pouvoir





L'ivresse du pouvoir est le nouveau film de Claude Chabrol, le septième avec sa muse, Isabelle Huppert. Cette dernière incarne un juge d'instruction, Jeanne Charmant-Killman, qui est chargée de démêler une complexe affaire de concussion et de détournements de fonds mettant en cause le président d'un important groupe industriel. Elle s'aperçoit que plus elle avance dans ses investigations, plus son pouvoir s'accroît. Mais au même moment, et pour les mêmes raisons, sa vie privée se fragilise. Deux questions essentielles vont bientôt se poser à elle : jusqu'où peut-elle augmenter ce pouvoir sans se heurter à un pouvoir plus grand encore? Et jusqu'où la nature humaine peut-elle résister à l'ivresse du pouvoir?

 

Le scénario, digne d'un très bon Chabrol, est fin et intelligent, avec des dialogues écrits sur mesure. Le film s'ouvre sur l'annonce "Toute ressemblance avec des faits réels et des personnages connus serait, comme on dit, fortuite…" Car, bien évidemment, l'intrigue est plus que largement inspirée par l'affaire ELF. Jeanne Charmant-Killman (Jeanne Charmant pour Eva Joly?) est une femme élégante, souriante et gracieuse, mais elle s'avère implacable dans son instruction : froide et dôtée d'une obstination qui vire à l'obsession et d'une volonté de fer. Mais Chabrol ne tombe pas dans l'écueil d'une mise à l'écran de l'affaire ELF. D'ailleurs, il s'en explique : "Quand j'ai décidé de faire ce film, j'ai commencé par dresser une liste des pièges à éviter, notamment celui de l'identification immédiate et celui de l'imaginaire absolu".

 

Bien entendu, le titre du film s'applique aussi au personnage d'Isabelle Huppert. Elle poursuit un idéal de justice, mais le pouvoir qu'elle incarne la grise. Ne dit-elle pas avec jubilation que le juge d'instruction est le personnage le plus puissant de France? Elle se rendra compte, au péril de sa vie privée notamment, qu'il y a toujours un pouvoir plus grand au-dessus.

 

La prestation d'Isabelle Huppert est, comme toujours, parfaite (un César en 2007?). François Berléand est excellent en chef d'entreprise corrompu, mais Patrick Bruel déçoit (comme souvent au cinéma) par la platitude de son jeu. Les autres seconds rôles sont brillants (Robin Renucci, Maryline Canto, Roger Dumas en homme politique véreux -tiens, tiens le nom est troublant-, Jean-François Balmer…).

 

Je finis sur cette déclaration de Claude Chabrol : "Je continue à croire aux rapports de classe et à souhaiter que les plus exploités puissent presser le nez de ceux qui les exploitent pour voir s'il en sort du lait ou du sang."


...HB...

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