Critiques ciné et autres.
15 Septembre 2008
En 2000, Woody Allen sort deux films : l'hommage au jazz Accords et désaccords (avec Sean Penn) et la comédie policière Escrocs mais pas trop. Il enchaîne avec Le sortilège du scorpion de jade, une pure comédie qui sort à la fin de l'année 2001.
New-York, 1940. Engagée pour moderniser les assurances North Coast, l'énergique Miss Fitzgerald (Helen Hunt) affiche d'emblée ses ambitions en déclarant la guerre à C.W. Briggs (Woody Allen), le meilleur détective de la boîte. Afin d'apaiser les tensions, Chris (Dan Aykroyd), leur patron, les incite à participer à une fête, dans un cabaret. Au cours de la soirée, les deux ennemis jurés sont hypnotisés par le magicien Voltan. Le Sortilège du Scorpion de Jade va alors les entraîner dans de rocambolesques aventures...
Avec ce film, Woody Allen signe un joli pastiche du cinéma hollywoodien des années 1940/1950, avec ses blondes fatales, ses secrétaires sexy et ses enquêteurs en imperméable... Alors qu'ils se détestent, Miss Fitzgerald et C.W. Briggs vont se retrouver embarqués dans la même galère car le magnétiseur Voltan est un charlatan et n'a pas complètement rompu l'hypnose. En effet, par téléphone, il va faire faire à Briggs ce qu'il veut, à savoir cambrioler les demeures des riches familles qui ont souscrit à la North Coast, sans que ce dernier ne puisse se rappeler quoi que ce soit. Le canevas est dessiné pour des situations comiques.
Dès le départ, les bons mots fusent grâce à l'opposition entre Fitzgerald, jeune femme ambitieuse, et Briggs, vieux de la vieille qui ne supporte pas le changement dans son service. Les répliques hilarantes volent au rythme des meilleurs comédies 1950's de Howard Hawks. L'intrigue est simple et le film joue sur les gros traits des personnages : le patron qui fait croire à Fitzgerald qu'il va quitter sa femme pour entretenir sa relation adultérine, la jeune "working girl" avant l'heure qui ne veut pas être en reste, le détective maladroit et bougon, un rien parano et qui est un personnage "allennien" typique.
Briggs enquête sur un vol dont il est -sans le savoir- le coupable. Habile et aux méthodes "à l'ancienne", il est qualifié de truand qui s'ignore. Derrière la haine apparente qu'il voue à sa responsable Fitzgerald apparaît bien sûr un amour caché et peut-être inconscient. La force comique du film est indéniable et Woody Allen touche à la magie, qu'il aime, comme il le refera quelques années plus tard dans Scoop. Dans un scénario linéaire où le spectateur est omniscient va pourtant naître une surprise finale. En jouant la simplicité, le cinéaste parvient à nous couper l'herbe sous les pieds dans les cinq dernières minutes...
Le Sortilège du Scorpion de Jade, servi par un casting de grande qualité, est un des derniers grands films purement allenniens avec un scénario cocasse et original, une mise en scène au pas de charge, un antihéros irrésistible joué par Woody lui-même... Une brillante comédie.