L'effet Cannes...2006

Dimanche 28 mai. Fin du 59^ème Festival de Cannes. Le jury présidé par le réalisateur Wong Kar-Waï (In the mood for love, 2046…) a rendu un palmarès peu étonnant dans le fond, mais inattendu dans la forme.

 

La Palme d'Or (votée à l'unanimité) revient cette année  à Ken Loach pour son film Le vent se lève, film d'époque dans lequel il évoque le combat des Irlandais pour l'Indépendance en 1920. C'est la huitième fois que le réalisateur est en compétition. Il avait jusque là obtenu dans la sélection officielle deux Prix du Jury (Hidden Agenda en 1990 et Raining Stones en 1993) et un prix du scénario (Sweet Sixteen en 2002), mais c'est la première fois qu'il touche la récompense suprême.

 

Sans surprise, on retrouve Volver de Pedro Almodovar dans le palmarès, mais il manque une fois de plus la Palme. Six ans après le Prix de la Mise en Scène pour Tout sur ma mère, son nouveau film obtient le Prix du Scénario et -originalité de cette édition- un prix collectif d'Interprétation Féminine pour l'ensemble des six actrices de Volver (Penelope Cruz, Carmen Maura, Lola Duenas, Blanca Portillo, Yohanna Cobo et Chus Lampreave).

 

Même chose du côté des acteurs, le Prix d'Interprétation Masculine revient à Jamel Debbouze, Samy Nacéri, Roschdy Zem, Sami Bouajila et Bernard Blancan, soit les cinq acteurs principaux d'Indigènes, fresque sur les soldats oubliés de la première armée française réalisée par Rachid Bouchareb.

11 comédiens récompensés cette année donc : du jamais vu!

 

Le Grand Prix revient à Flandres de Bruno Dumont, alors que Babel d'Alejandro Gonzalez Inarritu (Amours chiennes), qui partait favori, se contente du Prix de la Mise en Scène.

 

Enfin, le Prix du Jury est décerné au premier film d'Andrea Arnold, Red Road.

 

Cette édition, placée sous le signe du "renouvellement" selon Thierry Frémeaux (organisateur du festival), couronne donc des films plus 'grand public' que d'habitude, montrant que les bons scénarii et l'émotion restent les meilleurs vecteurs d'un cinéma populaire de qualité.

 

Sofia Coppola est la grande perdante de cette édition avec une vision de Marie-Antoinette peu appréciée des festivaliers. Le film est pourtant excellent et dresse le portrait moderne d'une jeune femme que rien ne prédestinait à devenir reine et qui n'a jamais pu trouver sa place dans le conformisme du protocole de Versailles.

Malgré le talent de Ken Loach, on ne peut s'empêcher de regretter que Volver n'ait pas obtenu la Palme d'Or. Il s'agit certainement d'un des meilleurs films d'Almodovar. Le prix collectif d'Interprétation Féminine est tout à fait justifié tant les actrices donnent une extraordinaire puissance émotionnelle à ce film intimiste et pourtant si accessible. Le public a d'ores et déjà fait de ce film un succès avec près de 400 000 entrées en première semaine d'exploitation, face à l'écrasant Da Vinci Code.

...HB...