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Un cinéphile dans la ville.

Critiques ciné et autres.

"Le temps qu'il reste", un film d'Elia Suleiman

Présenté à Cannes en mai dernier, Le temps qu'il reste (The time that remains) est le nouveau film d'Elia Suleiman (Intervention divine en 2002). Sur un sujet rarement traité, celui des arabes vivant en Israël, le cinéaste livre un film inégal, avec de vrais bons moments mais aussi des longueurs éprouvantes.

 

 


 

The Time That Remains est un film en partie autobiographique, construit en quatre épisodes marquants de la vie d'une famille, ma famille, de 1948 au temps récent. Ce film est inspiré des carnets personnels de mon père, et commence lorsque celui-ci était un combattant résistant en 1948, et aussi des lettres de ma mère aux membres de sa famille qui furent forcés de quitter le pays. Mêlant mes souvenirs intimes d'eux et avec eux, le film dresse le portrait de la vie quotidienne de ces palestiniens qui sont restés sur leurs terres natales et ont été étiquetés "Arabes-Israéliens", vivant comme une minorité dans leur propre pays.

 

 

 



 

 

L'introduction du film est très réussie même si l'on ne comprend pas tout de suite le lien avec le reste du film. Ce chauffeur de taxi qui s'arrête au bord d'une route inondée par la pluie, ne trouvant plus son chemin, murmure un "Où suis-je?" qui reflète l'absurdité de la situation en Palestine.

 

Surnommé le Jacques Tati palestinien, Elia Suleiman a décidé de raconter son histoire familiale, de l'invasion par l'armée israélienne en 1948 jusqu'aux problématiques d'aujourd'hui. Suleiman nous fait suivre une famille et ses proches dans la ville de Nazareth. "J'ai choisi de me concentrer sur un lieu unique et de me consacrer à une véritable recherche intérieure sur des moments infimes de l'histoire afin de les doter d'une épaisseur et d'une profondeur aptes à les rendre universels" déclare-t-il. On découvre le père du cinéaste avant la naissance de celui-ci, résistant contre l'armée israélienne, avec ses certitudes mais aussi ses doutes parfois. Ensuite, on voit  les personnages grandir, vieillir. Les années 1960, 1970, 1980… Avec son lot de nouvelles perspectives et toujours cette volonté de burlesque qui pointe dès lors. Mais le comique de répétition, trop utilisé, devient lassant et fait place à l'ennui après la première heure du film, malgré de belles scènes.

 

Le silence est très important dans Le temps qu'il reste. Celui d'Elia Suleiman lui-même en particulier, dans ses volontés de s'approcher du comique émouvant de Buster Keaton sans toutefois y parvenir complètement. "Je trouve le silence très cinégénique. Le silence est subversif par excellence. Tous les gouvernements le tiennent en horreur car c'est une arme de résistance" explique le réalisateur.

 

Le temps qu'il reste est un film politique qui a l'avantage de ne pas manipuler le spectateur. Mais les scènes exceptionnelles (le saut par-dessus le mur érigé par Israël est superbe et poétique) sont totalement égarées dans une profusion d'effets qui tournent à vide. Dommage. J'aurais aimé aimer ce film.

 

...HB...

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