"Les regrets", un film de Cédric Kahn

Après entre autres L'ennui (1998), Roberto Zucco (2001) ou Feux rouges (2004), Cédric Kahn s'essaie au film d'amour avec son nouveau long-métrage, Les regrets. Ouvertement inspiré de La femme d'à côté de François Truffaut, le film met en vedette Valeria Bruni-Tedeschi et Yvan Attal. Malgré l'investissement des acteurs et une belle réalisation, le film, inégal, ne bouleverse pas vraiment et manque parfois d'inspiration. En salles le 2 septembre.

 

Mathieu Lievin, 40 ans, architecte parisien, prend la route pour rejoindre la petite ville de son enfance où sa mère vient d'être hospitalisée en urgence. Dans la rue, il croise Maya, son amour de jeunesse, qu'il n'a pas revue depuis quinze années. Accompagnée d'un homme et d'une petite fille, elle ne lui adresse pas la parole. Deux heures plus tard, le téléphone sonne dans la maison familiale : c'est Maya qui l'invite à venir la retrouver chez elle. Il hésite un court instant puis accepte…

Selon Valeria Bruni Tedeschi, c'est un film sur "le mystère de l'amour". Selon Cédric Kahn, le cinéaste, il s'agit d'un film sur la passion. Ce qui est certain, c'est que le lien entre Maya (V.Bruni Tedeschi) et Mathieu (Y.Attal) est tout sauf banal. Toujours le fameux "ni avec toi, ni sans toi" dans le chef-d'œuvre de Truffaut qui a inspiré ce nouveau film.

Les regrets démarre sur un drame ; la mère de Mathieu est dans un coma dépassé, ses jours sont comptés. Le coup est rude pour cet architecte parisien. D'autant plus que son couple n'est plus basé sur une relation charnelle ou amoureuse mais s'est déplacé sur le terrain professionnel puisque Mathieu travaille avec sa femme Lisa et leurs bureaux sont dans l'appartement conjugal. Bouleversé par la mort de sa mère, les problèmes avec son frère et le souvenir de la mort que l'on comprend prématurée de son père, Mathieu va basculer de nouveau dans l'histoire qu'il a eue il y a 15 ans avec Maya lorsque celle-ci l'appelle après qu'ils se sont croisés dans la rue par hasard.

Plus tard, Maya demandera à Mathieu l'explication de la séparation. Ce dernier, fidèle à sa duplicité et fuyant cette question -qui est une des plus redoutables-, expliquera qu'il décida de la quitter car elle n'était pas arrivée à l'heure à leur rendez-vous. Le motif est une dérobade mais aussi le ressort dramatique qui nous fait comprendre que Maya et Mathieu ne seront jamais à la même heure. Leur passion (mais n'est-ce pas sa définition?) ne tient pas compte du temps, elle est une machine qui recommence sans cesse. La fin du film est d'ailleurs très réussie à ce propos.

Le film de Kahn a de nombreuses qualités mais ne décolle jamais vraiment, comme si le cinéaste ne s'accrochait qu'aux sentiments des personnages, sans événements, sans réelle histoire à raconter. Il confesse d'ailleurs que lors de l'écriture, il a longtemps cherché comment mettre en "action" les conséquences de ces sentiments violents. Sans vraiment y parvenir visiblement.

...HB...