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Un cinéphile dans la ville.

Critiques ciné et autres.

"Au-delà des collines", un film de Cristian Mungiu

 

Double prix d'interprétation féminine et prix du scénario, Au-delà des collines a créé l'événement lors du dernier Festival de Cannes. Le nouveau film de Cristian Mungiu relate l'histoire vraie d'un enfermement dans une communauté religieuse. Magistral.

 

 

Affiche-Au-dela-des-collines.jpg


 

Alina revient d'Allemagne pour y emmener Voichita, la seule personne qu'elle ait jamais aimée et qui l'ait jamais aimée. Mais Voichita a rencontré Dieu et en amour, il est bien difficile d'avoir Dieu comme rival. 

 

 

 

 


 

En 2005, une jeune nonne est morte dans un couvent en Moldavie, suite à un exorcisme. Cristian Mungiu, fasciné par cette histoire qui a fait les gros titres de la presse roumaine, a décidé d'en faire un film. Au-delà des collines n'est pas en rupture avec son précédent film, 4 mois, 3 semaines et 2 jours, Palme d'or en 2007. Il s'intéresse là encore à deux femmes en prise avec une réalité qui les dépasse, l'une essayant de sauver l'autre. Les deux actrices, Cosmina Stratan et Cristina Flutur, dont c'est le premier film, ont été récompensées d'un double prix d'interprétation à Cannes.

 

Le cinéma de Cristian Mungiu se déploie dès les premières minutes, avec des plans-séquences qui font la part belle aux détails, "aussi importants que le conflit principal" selon le cinéaste. Alina aime Voichita et ne supporte plus de vivre en Allemagne, loin d'elle. Depuis leur enfance dans un orphelinat, les deux jeunes femmes vivent une relation fusionnelle que Voichita a accepté de rompre grâce à l'entrée de Dieu dans sa vie. Lorsqu'Alina est partie travailler en Allemagne, Voichita s'est retirée dans un couvent où elle mène une vie hors du temps, dans une communauté qui s'apparente plutôt à une secte dirigée d'une main de fer par un pope intégriste qui se fait appeler Papa. Voichita ne veut plus des caresses d'Alina, qu'elle veut amener à laisser Dieu entrer en elle, car on n'a besoin d'aucun amour plus fort que celui du Divin. De son côté, Alina voit bien que son amie est prisonnière volontaire d'une communauté sectaire. Elle fait une irruption remarquée dans le couvent où elle refuse les usages, crache, mord et jure. Rapidement, le "gourou" considère qu'elle est habitée par Satan. C'est le tournant de son destin.

 

Par ce couvent retiré du monde et dirigé par un pope qui dicte que faire et que penser à ses ouailles, Mungiu semble signifier un pouvoir totalitaire et manipulateur qui a laissé de lourdes traces dans les pays de l'Est. Il filme deux femmes : l'une a déjà quitté le monde terrestre et se soumet aux ordres divins, l'autre s'accroche au monde, tente d'y ramener son amie et se rebelle contre toute forme d'ordre établi. Jusqu'au moment où elle s'abandonne à la folie d'une communauté repliée sur elle-même et imbibée de superstitions. Les plans sont longs et éprouvants, mais Mungiu prend soin de ne juger personne, nous laissant à nos consciences et à nos responsabilités. Et c'est passionnant.

 

 

...HB...

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