Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Un cinéphile dans la ville.

Critiques ciné et autres.

"Bovines", un film de Emmanuel Gras

 

Emmanuel Gras livre le film le plus étonnant de ce début d'année : Bovines.  Ni documentaire, ni fiction, ce film donne à voir "la vraie vie des vaches". Drôle et fascinant.

 

 

Affiche-Bovines.jpg


 

Dans les champs, on les voit, étendues dans l’herbe ou broutant paisiblement. Grosses bêtes placides que l’on croit connaître parce que ce sont des animaux d’élevage. Lions, gorilles, ours ont toute notre attention, mais a-t-on jamais vraiment regardé des vaches ? S’est-ont demandé ce qu’elles faisaient de leurs journées ? Que font-elles quand un orage passe ? Lorsque le soleil revient ? A quoi pensent-elles lorsqu’elles se tiennent immobiles, semblant contempler le vide ? Mais, au fait, pensent-elles ? Au rythme de l’animal, au milieu d’un troupeau, Bovines raconte la vie des vaches, la vraie.

 

 

 

 


 

Emmanuel Gras est issu de l'école Louis Lumière. Après une expérience de chef opérateur sur des documentaires sur le Proche-Orient (il a travaillé au Centre Culturel Français de Beyrouth), il réalise des courts-métrages et participe à des documentaires. Bovines est son premier long métrage. En à peine plus d'une heure, il propose un film basé sur la sensation et une véritable plongée dans le monde animal, à tel point que l'irruption d'éleveurs au milieu du film les fait apparaître comme d'étranges intrus. Selon son propre témoignage, Emmanuel Gras a dû se poser des questions de cinéma en abordant ce projet. En effet, le quotidien des vaches paraît peu varié, mais par le choix de cadres et d'approches très fines, les animaux deviennent des personnages fascinants au cœur d'un conte surréaliste.

 

La force du film est d'éviter toute forme d'anthropomorphisme. Emmanuel Gras ne se situe pas chez Disney mais plutôt chez Depardon ou Philibert. Les vaches meuglent, ruminent, dorment et surtout observent le monde autour d'elles avec une candeur enfantine dans les yeux, comme si tout était source d'émerveillement. Sans un cri, l'une d'entre elles met bas et on voit un bébé veau se dresser difficilement sur ses pattes quasiment en temps réel. Le cinéaste offre un voyage sensoriel où les langues épaisses et baveuses des vaches apparaissent comme des caresses sensuelles et voluptueuses. Elles font aussi preuve d'ingéniosité en secouant les branches d'un pommier pour en faire tomber les fruits et s'offrir un copieux dessert.

 

Au-delà de l'amusement de voir une charolaise suivre avec étonnement le trajet d'un sac en plastique au gré du vent, Bovines offre une réflexion intéressante : qui observe qui ? Sommes-nous si éloignés d'elles, nous, parqués dans une salle de cinéma à les observer pendant 65 minutes ? Et puis Emmanuel Gras opère un travail plastique épatant. Les cadres sont constitués comme des tableaux, par des lumières changeantes (avant et après l'orage) et des échelles de plan intelligemment choisies. Bovines est un voyage presque métaphysique dans la vie (rêvée ?) des vaches.

 

 

...HB...

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article