Critiques ciné et autres.
25 Mars 2012
Douze ans après le sulfureux Baise-moi, Virginie Despentes adapte un autre de ses romans pour le cinéma, Bye Bye Blondie. Comédie romantique punk-rock, le film met en scène les retrouvailles de deux amantes, Emmanuelle Béart et Béatrice Dalle. Malgré tout, Bye Bye Blondie manque terriblement de cinéma.
Gloria et Frances se sont rencontrées dans les années 80. Elles se sont aimées comme on s'aime à seize ans : drogue, sexe et rock 'n' roll. Puis la vie les a séparées, et elles ont pris des chemins très différents. Vingt ans après, Frances revient chercher Gloria...
Virginie Despentes affirme qu'elle est devenue lesbienne il y a quelques années, en rencontrant sa compagne Beatriz Preciado. Est-ce pour cette raison que le personnage d'Eric dans son roman est devenu une femme, Frances, dans le film ? En partie son envie de filmer une romance lesbienne, mais aussi parce qu'elle ne trouvait pas d'acteur pouvant faire face à Béatrice Dalle. Elle a donc choisi Emmanuelle Béart "comme une évidence". En opposition à Baise-moi qui mettait en scène des scènes de sexe violentes non simulées, Virginie Despentes a voulu beaucoup de pudeur dans l'histoire d'amour de Bye Bye Blondie. Si les baisers sont nombreux, il n'y a aucune scène de nu. "Je n'avais pas de raison de les filmer nues pour montrer que Gloria et Frances s'aiment et se désirent. Je n'avais pas envie de faire un film lesbien pour que les vieux mâles hétéros viennent se rincer l'œil alors j'ai zappé "la" scène de baignoire qui hante tant les films lesbiens" déclare la réalisatrice.
Qui d'autre de Béatrice Dalle pouvait incarner Gloria, punk-rock à la grande gueule et au cœur tendre, RMIste, paumée dans sa vie en province et qui semble être revenue de tout ? L'actrice, trop rare, est parfaite d'un bout à l'autre. Emmanuelle Béart est étonnante et très convaincante dans le rôle de l'ancienne punkette embourgeoisée, présentatrice d'une émission culturelle et lesbienne mariée pour la convenance de son image à un romancier raté (Pascal Greggory). C'est leur histoire d'amour mouvementée que raconte Despentes, dans un montage qui alterne les (trop nombreux) flashbacks dans les années 80, alors que les deux ados rebelles se rencontrent (Soko et extraordinaire Clara Ponsot, déjà vue dans Les infidèles récemment ou La possibilité d'une île de Houellebecq), et les retrouvailles à Paris, 30 ans plus tard. Mais la réalisation manque atrocement de mise en scène et se contente d'aligner les scènes plus ou moins réussies avec un bon sens des dialogues et une bande son adéquate (La Souris Déglinguée, Parabellum, Babyshambles, Bérurier Noir…). Bye Bye Blondie vaut pour le talent de ses quatre actrices mais ne tient pas la distance pour nous faire croire à cette histoire.
...HB...