Critiques ciné et autres.
20 Mars 2012
Annoncé depuis de nombreux mois, Cloclo, le biopic réalisé par Florent-Emilio Siri est sur les écrans. La vie de Claude François est assez fascinante pour en faire un film, mais Cloclo souffre d'une réalisation peu subtile et d'une première partie trop kitsch.
Cloclo, c’est le destin tragique d’une icône de la chanson française décédée à l’âge de 39 ans, qui plus de trente ans après sa disparition continue de fasciner. Star adulée et business man, bête de scène et pro du marketing avant l’heure, machine à tubes et patron de presse, mais aussi père de famille et homme à femmes… Cloclo ou le portrait d’un homme complexe, multiple ; toujours pressé, profondément moderne et prêt à tout pour se faire aimer.
Le projet d'un film sur Claude François ne date pas d'aujourd'hui. Dès 1999, Antoine de Caunes pensait à ce projet, avec déjà Jérémie Rénier dans le rôle-titre, par son talent et aussi son incroyable ressemblance avec le chanteur. Puis, Yann Moix a réalisé Podium, mettant en scène un sosie de la star française, qui a mis le projet de biopic entre parenthèses. En 2009, c'est Florent-Emilio Siri et ses producteurs qui reprennent le projet, engageant rapidement Jérémie Rénier. En 2012, Cloclo est dévoilé, 34 ans presque jour pour jour après la mort de l'idole. Le film s'est fait avec la collaboration des enfants du chanteur, ce qui n'a pas toujours été simple puisque le réalisateur souhaitait montrer une facette de la star parfois méconnue et un peu négative, comme sa maniaquerie obsessionnelle, son tempérament violent ou même les manipulations comme la mise en scène de son malaise sur scène à Marseille en 1970 pour relancer sa carrière qui périclitait.
Florent-Emilio Siri démarre son film de manière classique, par l'enfance en Egypte, le père autoritaire et la mère trop présente. Cette première partie est totalement ratée, tant par la psychologisation outrancière et mièvre des personnages que par une réalisation ultra-sophistiquée, flirtant avec le mauvais goût. Certes, Claude François avait un art consommé du kitsch et des mises en scènes acidulées, mais la première heure de Cloclo, uniquement faite pour rassurer les fans de l'idole, passe mal. Jérémie Rénier est impressionnant, par sa ressemblance (ce dont il n'est pas responsable) et l'énergie qu'il déploie, à la hauteur de la star. Grand narcissique souvent blessé dans son orgueil, Claude François voue une obsession à sa réussite et finit par "percer" en 1962, à l'âge de 23 ans, après des années de galère. Là où le film de Siri devient intéressant, c'est quand il aborde l'homme d'affaires "angoissé et jouisseur" comme on peut le lire dans Les Inrocks. Son entourage se doit d'être entièrement dédié (comme lui-même) à sa réussite professionnelle, moyennant de nombreux et douloureux sacrifices.
La réalisation de Florent-Emilio Siri est tout sauf subtile, même si certaines séquences sont efficaces et audacieuses, comme l'habile plan-séquence dans lequel des fans embrassent Cloclo dans sa voiture, entre son domicile et son bureau. Le réalisateur ne peut s'empêcher de mettre en scène l'électrocution du 11 mars 1978 ; on s'en serait passé. Le problème de Cloclo, c'est le mélange entre belles idées de mise en scène et continuité plan-plan à la limite du roman-photo. Sa qualité, c'est de fasciner sur une vie incroyable, que l'on aime ou non les chansons de Claude François.
...HB...