Critiques ciné et autres.
8 Mai 2013
Shola Lynch retrace le combat pour l'égalité des droits aux USA dans les années 70 à travers le portrait d'Angela Davis, célèbre militante afro-américaine. Free Angela (and all political prisoners) est un documentaire intéressant mais incomplet sur certaines points et un peu plat dans sa réalisation.
Free Angela raconte l'histoire d’une jeune professeure de philosophie, née en Alabama, issue d’une famille d’intellectuels afro-américains, politiquement engagée. Durant sa jeunesse, Angela Davis est profondément marquée par son expérience du racisme, des humiliations de la ségrégation raciale et du climat de violence qui règne autour d’elle. Féministe, communiste, militante du mouvement des droits civiques aux États-Unis, proche du parti des Black Panthers, Angela Davis s'investit dans le comité de soutien aux Frères de Soledad, trois prisonniers noirs américains accusés d'avoir assassiné un gardien de prison en représailles au meurtre d'un de leur codétenu. Accusée en 1970 d'avoir organisé une tentative d’évasion et une prise d’otage qui se soldera par la mort d’un juge californien et de 4 détenus, Angela devient la femme la plus recherchée des Etats-Unis. Arrêtée, emprisonnée, jugée, condamnée à mort, elle sera libérée faute de preuve et sous la pression des comités de soutien internationaux dont le slogan est FREE ANGELA ! Devenue un symbole de la lutte contre toutes les formes d’oppression : raciale, politique, sociale et sexuelle, Angela Davis incarne, dans les années 70, le « Power to People ». Avec sa coupe de cheveux « boule » et sa superbe silhouette elle lancera, malgré elle, la mode « afro », reprise à cette époque par des millions de jeunes gens. Quarante ans plus tard, à l’occasion de l’anniversaire de l’acquittement d’Angela Davis, Shola Lynch, avec Free Angela, revient sur cette période cruciale de la deuxième partie du XXe siècle. Toujours engagée, militante abolitionniste, l’icône Angela continue le combat. Power to people !
Angela Davis est une icône du combat contre les discriminations aux USA. Aux côtés des Black Panthers, elle a œuvré toute sa vie pour l'égalité des droits et fréquenté les plus grands noms de la lutte intellectuelle. Shola Lynch (produite par Will Smith) a décidé de raconter comment Angela Davis fut la femme la plus recherchée des Etats-Unis et comment le monbde s'est mobilisé pour sa libération. Le film plonge le spectateur dans un thriller politique au début des années 70, en pleine Guerre du Vietnam et peu après les assassinats de Malcom X et Martin Luther King.
La force du film est la reconstitution très documentée, via des images d'archives, des témoignages et des scènes tournées aujourd'hui (la moins bonne idée de la réalisatrice), du procès d'Angela Davis, qui risquait la peine de mort, accusée d'avoir causé la mort de quatre personnes (dont un juge) en voulant faire libérer des prisonniers politiques. La faiblesse de Free Angela se situe aussi là. A trop vouloir se concentrer sur ce procès, Shola Lynch en oublie de nous raconter la parcours de son héroïne. On aurait voulu en savoir plus sur son enfance, son éducation, ses études (trop rapidement abordées) et surtout on aurait voulu connaître plus largement le combat des Black Panthers et autres mouvements politiques des années 60/70. Le soutien de la communauté internationale n'est pas assez détaillé. Des intellectuels européens (dont Sartre et Beauvoir) et de nombreux artistes (John Lennon, les Rolling Stones…) ont défendu le combat de cette femme, en faisant une icône moderne de la lutte contre le racisme et l'intolérance. La réalisatrice dresse un portrait passionnant de cette période de la vie d'Angela Davis mais ne donne pas d'information sur ses activités ultérieures (et actuelles), s'arrêtant parfois à son statut de légende vivante, comme un Martin Luther King au féminin. La déception vient donc de ce manque de vision politique, qui ne donnent pas assez à voir la position épouvantable (mais réelle) des conservateurs (Reagan, Hoover, Nixon…). Le film reste un document important mais malheureusement incomplet.
...HB...