Critiques ciné et autres.
16 Mai 2013
Film d'ouverture du Festival de Cannes 2013, Gatsby le Magnifique de Baz Luhrmann est une nouvelle adaptation du roman de Fitzgerald, avec Leonardo DiCaprio, Carey Mulligan et Tobey Maguire. Un film clinquant et sans âme d'un réalisateur à la dérive.
Printemps 1922. L'époque est propice au relâchement des mœurs, à l'essor du jazz et à l'enrichissement des contrebandiers d'alcool… Apprenti écrivain, Nick Carraway quitte la région du Middle-West pour s'installer à New York. Voulant sa part du rêve américain, il vit désormais entouré d'un mystérieux millionnaire, Jay Gatsby, qui s'étourdit en fêtes mondaines, et de sa cousine Daisy et de son mari volage, Tom Buchanan, issu de sang noble. C'est ainsi que Nick se retrouve au cœur du monde fascinant des milliardaires, de leurs illusions, de leurs amours et de leurs mensonges. Témoin privilégié de son temps, il se met à écrire une histoire où se mêlent des amours impossibles, des rêves d'absolu et des tragédies ravageuses et, chemin faisant, nous tend un miroir où se reflètent notre époque moderne et ses combats.
Le réalisateur australien Baz Luhrmann s'est fait connaître du grand public en 1996 avec son deuxième film, Roméo + Juliette, une adaptation pop du classique de Shakespeare avec déjà Leonardo DiCaprio. En 2001, Moulin Rouge ! lui offre la consécration. Sept ans plus tard, il livre le calamiteux mélo Australia, avec Nicole Kidman. Il faut donc attendre cette année pour découvrir son adaptation de Gatsby le Magnifique, le roman culte de Fitzgerald, avec Leonardo DiCaprio reprenant le rôle déjà incarné par Robert Redford.
Pour évoquer l'euphorie jazz des années 20, Baz Luhrmann compte sur une débauche d'effets visuels et un enchaînement de bacchanales survitaminées avec ce qui est devenu un tic du cinéaste, l'anachronisme musical. Beyoncé, Lana Del Rey, Jay-Z, The XX, Florence + the Machine ou encore Jack White forment une bande son plutôt réussie. Après trois bons quarts-d'heure d'hystérie, le réalisateur semble ralentir la cadence et vouloir traiter l'histoire d'amour contrarié entre Gatsby et Daisy. Malheureusement, les acteurs habituellement convaincants (DiCaprio et Mulligan en tête) se trouvent pris au piège d'un décor envahissant qui empêche toute émotion, un peu le même écueil que dans L'écume des jours version Gondry. Le montage, alternant fondus enchaînés ultra-kitsch et cuts frénétiques, donne mal au cœur et les idées de mise en scène de Luhrmann reposent sur des couleurs flashy et une ambiance sonore assourdissante. Dans une quête obsessionnelle de grand spectacle, le réalisateur oublie tout simplement de nous parler de l'essentiel, l'émotion et la peur de l'abandon.
...HB...