Critiques ciné et autres.
28 Juin 2014
Lana Del Rey a publié le 16 juin Ultraviolence, son nouvel album, très attendu après le triomphe de Born to die. Un disque rock et soul, produit par Dan Auerback des Black Keys, qui surpasse son prédécesseur. L'album de l'année ?
A l'automne 2011, Lana Del Rey fait sensation sur le net avec Video Games, son premier tube, même si elle a déjà publié un album (Lana Del Ray AKA Lizzy Grant en 2010) passé relativement inaperçu. Video Games est un carton planétaire, repris par de nombreux artistes, des Young Professionals à Kasabian ou Stereophonics. En janvier 2012 paraît Born to die, puis une réédition avec huit nouvelles chansons quelques mois plus tard, qui affiche aujourd'hui plus de 4,7 millions de ventes mondiales, dont près de 500 000 en France. Après de nombreux projets annexes (BO de Gatsby le Magnifique et Maléfique, EP Tropico tiré d'un court-métrage et duos notamment avec feu Bobby Womack), la chanteuse originaire de New York livre Ultraviolence, un disque sombre, mélancolique, parfois désespéré, mais qui envoûte dès la première écoute (ou pas, l'album se révélant assez clivant). Moins accessible que Born to die, ce nouvel opus ne regorge pas d'autant de "tubes" mais Lana Del Rey peut se vanter d'avoir coécrit parmi les plus belles ballades pop-rock publiées ces dernières années.
Premier extrait de ce disque, West Coast est peut-être la meilleure chanson de la (jeune) carrière de l'artiste. Entre sensualité et quelques mots en espagnol, Lana Del Rey évoque les travers de la vie californienne autant que son charme redoutable. Sur une musique vénéneuse et entêtante de Rock Nowels (qui a signé quelques tubes pour Madonna, Dido, Nelly Furtado ou All Saints) qui compose cinq des quatorze morceaux, dont certains sont les meilleurs. La chanteuse continue de construire son personnage oscillant entre l'univers de David Lynch et les song-writers des années 70. Les textes sont encore plus sombres que dans l'album précédent. Cruel World donne le ton quand Ultraviolence traite de la violence conjugale dans le déni ("I can hear sirens, sirens / He hit me and it felt like a kiss"). Shades of cool ou Brooklyn Baby, dévoilées avant la sortie de l'album, sont représentatives, mélopées sous forme de slows accompagnés de guitares langoureuses.
Parmi les merveilles de ce disque… merveilleux, outre le chef-d'œuvre West Coast, on peut citer Sad Girl (chanson belle à pleurer), Pretty when you cry (une ballade qui a tout d'un tube, entre Stairway to heaven, Still loving you et Hotel California) ou The other woman, reprise déchirante, jazz et inspirée de Nina Simone. Deux titres "chocs" se suivent, Money Power Glory, qui dénonce les travers de la célébrité dans une ballade rageuse, et Fucked my way up to the top, au titre aussi évocateur que provocateur. Dans les bonus de la version "deluxe", on retiendra en priorité Guns and roses, non pas un hommage au groupe de rock mais une déclaration d'amour à un "homme à la moto" et aussi Black Beauty, à la production parfaite. Lana Del Rey livre son album le plus abouti, peut-être moins accessible que Born to die, mais qui, à chaque écoute, distille un peu plus son poison délicieux.
...HB...