Critiques ciné et autres.
24 Juillet 2014
Steven Knight livre avec Locke un huis clos déroutant et audacieux avec Tom Hardy comme unique acteur apparaissant à l'écran. Un road movie (littéralement) intense de bout en bout malgré un scénario assez prévisible.
Ivan Locke a tout pour être heureux : une famille unie, un job de rêve… Mais la veille de ce qui devrait être le couronnement de sa carrière, un coup de téléphone fait tout basculer.
Après un "Jason Statham movie" (Crazy Joe), Steven Knight, scénariste de Dirty Pretty Things de Stephen Frears et Les promesses de l'ombre de David Cronenberg, réalise son deuxième long-métrage, Locke, avec l'excellent Tom Hardy (Bronson de Nicolas Winding Refn et The Dark Knight Rises de Christopher Nolan) comme unique acteur apparaissant à l'écran. Pendant 1h30, nous ne quittons pas une BMW ralliant Birmingham à Londres en temps réel. Ivan Locke est un contremaître respecté, marié, père de famille et à la ligne de conduite irréprochable. Seulement, une fois dans sa vie, il a commis une erreur et son unique écart matrimonial va tout remettre en question. A la veille d'un transvasement de béton "historique", il se débat par téléphone (Bluetooth, sécurité routière et placement de produit BMW obligent) avec sa femme, ses enfants, son patron, son subalterne et sa maîtresse d'un soir.
Le dispositif du huis clos oppressant n'est pas nouveau, on se souvient notamment de Buried de Rodrigo Cortés (lire l'article du 5 novembre 2010) où Ryan Reynolds ne quittait pas un cercueil en Irak dans lequel il était enterré vivant avec son portable comme seul contact avec le monde extérieur. Tom Hardy incarne avec talent un homme enfermé (Locke…d donc) dans sa vie comme dans ses convictions et son travail, perfectionniste, précis et pointilleux en tout point. Mais sa vie, à cause d'une nuit trop arrosée, échappe désormais à son contrôle. Alors qu'il travaille dans la construction d'immeubles, tout s'écroule autour de lui et il va tenter de tout remettre en ordre, à commencer par le spectre d'un père absent à qui il s'adresse dans un monologue au bord de la schizophrénie. Le film n'évite pas certains écueils dans son scénario, comme des "rebondissements" un peu lisibles mais l'exercice de style est réussi et la mise en scène en trois axes de caméra (rarement plus, le film est tourné avec trois RED tournant simultanément dans l'habitacle) se révèle très efficace. On ne s'ennuie pas une seconde et le terme de "road movie" aura rarement été aussi bien illustré.
...HB...