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Un cinéphile dans la ville.

Critiques ciné et autres.

"Mon père est femme de ménage", un film de Saphia Azzeddine

 

Saphia Azzeddine a adapté son propre roman à succès Mon père est femme de ménage (lire l'article du 4 février 2011) pour en réaliser le film qui porte le même nom. Produit par Nathalie Rheims, ce premier long-métrage tombe dans de nombreux écueils et Saphia Azzeddine perd le ton si spécial et réjouissant de son livre.

 

 

Affiche-Mon-pere-est-femme-de-menage.jpg


 

Polo a 16 ans et les complexes d’un ado de son âge. Entre une mère alitée et une sœur qui rêve d'être miss, le seul qui s’en sorte à ses yeux, c’est son père. Hélas, il est femme de ménage.

 

 

 

 


 

Un bon roman ne fait pas forcément un bon film, on le sait. Saphia Azzeddine, avec ses trois romans, a imposé un style, une plume drôle, grave et acérée. En passant derrière la caméra, elle édulcore son propos et passe à côté des principaux enjeux de son livre. François Cluzet est un père-femme de ménage très convaincant, tant l'acteur sait se glisser dans tous les rôles. C'est lui qui sauve le film, avec Nanou Gracia, excellente en mère alitée et inconséquente.

 

Là où le roman se concentrait sur le point de vue de Polo, le film s'égare un peu, sans point de vue très identifiable, tantôt celui de Polo, tantôt celui du père, et souvent "omniscient". Sur le personnage du père, la cinéaste et écrivain déclare : "Il y a son rôle de père qu'il prend très au sérieux, légitimé par son abnégation magnifique et l'idée qu'il se fait du devoir et de l'éducation. Il y a aussi son aspect sacrificiel auprès du fils, un ascenseur social qu'il pousserait à bout de bras pour être sûr que son fils le prenne, la quête des diplômes qu'il n'a pas eus et l'exigence qu'il a d'accepter sa condition avec pour toute nécessité qu'elle permette à son fils de s'élever."

 

Dans son roman, Azzeddine avait habilement évité les clichés les plus attendus sur la banlieue et sur les immigrés. Dans son film, étrangement, elle semble perdre totalement le contrôle et les personnages sont aussi caricaturaux que la réalisation est datée. La place de la femme est aussi étonnamment réduite à la soumission et à la superficialité, ce qui étonne quand on connaît le propos de Saphia Azzeddine. C'est dommage car il y avait là un sujet formidable. Mieux vaut se replonger dans ses romans.

 

 

...HB...

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