"Rango", un film de Gore Verbinski

Gore Verbinski et Johnny Depp ont créé la saga Pirates des Caraïbes dont le nouveau volet sera sur les écrans cet été. Ensemble, ils présentent en ce printemps le film d'animation Rango, réalisé par le premier et avec la voix du second dans le rôle-titre. Divertissant sans être révolutionnaire.

Alors qu'il mène sa vie sans histoire d'animal de compagnie, Rango, caméléon peu aventurier, est en pleine crise d'identité : à quoi bon avoir des ambitions quand tout ce qu'on vous demande, c'est de vous fondre dans la masse ? Un jour, Rango échoue par hasard dans la petite ville de Poussière, dans l'Ouest sauvage, où de sournoises créatures venues du désert font régner la terreur. Contre toute attente, notre caméléon, qui ne brille pas par son courage, comprend qu'il peut enfin se rendre utile. Dernier espoir des habitants de Poussière, Rango s'improvise shérif et n'a d'autre choix que d'assumer ses nouvelles fonctions. Affrontant des personnages plus extravagants les uns que les autres, Rango va-t-il devenir le héros qu'il se contentait jusque-là d'imiter ?

Premier film d'animation de Gore Verbinski, Rango est un western comique truffé de références. Ce projet, le réalisateur y pensait avant les trois premiers épisodes de Pirates des Caraïbes mais il lui a fallu beaucoup de temps pour le monter. L'originalité de Rango tient dans sa conception. Les acteurs ne sont pas seulement des doublures voix. Verbinski a utilisé pour la première fois un nouveau procédé nommé "emotion-capture". Les comédiens ont joué les scènes du film dans de vrais décors et leurs voix, expressions et déplacements ont donc été enregistrés avec des caméras HD pour inspirer l'animation des personnages. Le film fait volontiers référence aux westerns mythiques de Sergio Leone, aux musiques d'Ennio Morricone et aux personnages interprétés par Clint Eastwood notamment.

Rango est un hybride entre le lézard et le caméléon, parfaitement adapté à la vie citadine et sociale d'un animal de compagnie. Suite à un petit incident qui le projette en dehors de la voiture familiale, Rango se retrouve dans le désert de Mojave, en pleine chaleur et en plein Sud-Ouest américain. Pour se faire accepter et survivre dans ce milieu hostile, Rango va devoir s'inventer une vie et un destin qu'il ne connaît pas. L'enjeu pour le petit village Poussière, perdu dans le désert non loin de l'immense Las Vegas, est l'eau. La banque tenue par un maire véreux en manque cruellement et la population est prise à la gorge. Rango devient héros malgré lui par suite de hasards. Métaphore de la crise actuelle et de la course au pétrole, le film voit la quête éperdue de l'eau et le thème récurrent dans le western de l'étranger qui débarque en ville, doit faire face à l'hostilité des habitants et affronter une force du mal, un "méchant". Pour se faire aimer de l'autre, Rango s'invente une vie mais cela finira par se retourner contre lui et il comprendra qu'il ne peut être aimé que pour ce qu'il est vraiment.

Avec une réalisation intelligente et un graphisme soigné, Rango surprend agréablement pour son scénario et la construction complète de ses nombreux personnages. En revanche, les dialogues sont étonnamment lisses et l'humour parfois daté. Le résultat est un divertissement plaisant qui aurait gagné à être plus poussé.

...HB...