Critiques ciné et autres.
25 Novembre 2012
Présenté en clôture du Festival de Cannes 2012, un mois après la mort de son auteur, Thérèse Desqueyroux est le dernier film de Claude Miller. Le réalisateur adapte François Mauriac avec académisme mais aborde son thème fétiche : le portrait d'une femme libre et seule.
Dans les Landes, on arrange les mariages pour réunir les terrains et allier les familles. Thérèse Larroque devient Madame Desqueyroux ; mais cette jeune femme aux idées avant-gardistes ne respecte pas les conventions ancrées dans la région. Pour se libérer du destin qu’on lui impose, elle tentera tout pour vivre pleinement sa vie…
Le roman Thérèse Desqueyroux de François Mauriac avait déjà été adapté en 1962 par Franju avec Emmanuelle Riva dans le rôle-titre. C'est à Audrey Tautou que Claude Miller a donné le personnage central de son dernier film. Le casting autour de l'actrice rassemble Gilles Lellouche (excellent), Catherine Arditi, Anaïs Demoustier, Francis Perrin et Stanley Weber.
Thérèse se marie avec Bernard Desqueyroux par un arrangement foncier, usage courant dans la bourgeoisie des années 20. Elle le dit elle-même, elle a "trop d'idées dans la tête" et attend que son mariage la sauve. Mais très rapidement, elle se lasse de ce mari simple (simpliste ?) avec qui elle s'ennuie. Elle aime la lecture (André Gide et les philosophes entre autres) et le calme ; il aime la chasse, se montre souvent grossier et parfois antisémite. Thérèse éprouve vite du dégoût pour cet homme qui ne lui ressemble tellement pas. Il la considère comme un "vase sacré" à vénérer se plaindra-t-elle.
Chabrol ou Truffaut auraient pu adapter ce livre de Mauriac, portrait cruel et pourtant sans jugement de la bourgeoisie terrienne. Claude Miller en fait une héroïne moderne, enfermée dans la mentalité étriquée de l'entre-deux-guerres. Elle ne supporte pas l'idée de passer à côté de l'amour, de sa vie, de ses désirs. Alors elle tente d'empoisonner son mari, sans l'avoir prémédité et sans savoir pourquoi. Elle ne cherchera pas à se justifier, acceptant la pénitence qui ira de pair avec l'arrangement qui sauvera l'honneur de la famille. Thérèse restera mystérieuse, jusqu'au plan final, où elle marche seule dans les rues de Paris. Enfin libre ?
...HB...