Mylène Farmer, "Timeless 2013" à Paris-Bercy

Après quatre d'absence scénique, Mylène Farmer revient avec une sixième série de concerts, Timeless 2013, lancée pour dix soirs à Paris-Bercy avant une tournée. Un spectacle épatant, à la mise en scène soignée et où l'émotion naît au milieu des effets sons et lumières.

En octobre 2012, Mylène Farmer annonce un nouvel album et une nouvelle tournée. 156 000 billets trouvent preneurs en quelques heures. Monkey me, son neuvième album studio, est publié en fin d'année (lire l'article du 2 décembre 2012) et connaît un démarrage puissant. 450 000 exemplaires vendus plus tard, la chanteuse sort le grand jeu à Paris-Bercy pour dix concerts avant d'emmener Timeless 2013 sur les routes de France, Belgique, Suisse, Russie et Biélorussie. Star adulée depuis près de trente ans, Mylène Farmer, 52 ans, est aussi attendue au tournant, tant ses deux dernières séries de concerts ont été des succès critiques et commerciaux.

Le 7 septembre 2013, personne ne sait ce que va proposer la chanteuse adepte du secret. Elle remplira Bercy dix soirs du 7 au 21. Après une montée en puissance dans la salle au son des tubes du moment, d'un remix de A l'ombre et de la BO de The Dark Knight, le public est chauffé à bloc quand les lumières s'éteignent. Il est 20h50.

Un rideau lumineux accueille des faisceaux qui forment le visage de la chanteuse avant de voler en éclats. Sur un écran géant massif, une vidéo nous aspire dans un tunnel, comme les dédales du temps. Une capsule spatiale apparaît et s'ouvre sur les premières notes de A force de…, la meilleure chanson de son dernier album. La star, coiffée d'une queue de cheval tressée tenue d'un ruban, porte un costume futuriste, moulant et rose pâle signé Jean-Paul Gaultier, comme les cinq autres qu'elle portera. D'une voix assez puissante et plutôt bien posée, la reine met le public à ses pieds. Après cet hymne à la vie, elle enchaîne avec deux titres plus sombres, évocateurs de suicide, Comme j'ai mal et C'est une belle journée. Arborant un sourire radieux, Mylène semble heureuse de retrouver son public.

Innovation et idée géniale de cette tournée : des robots danseurs apparaissent à plusieurs reprises, ondulant parfaitement et donnant l'illusion du mouvement humain, avec également un regard de laser rouge assez perturbant. Lors d'un interlude, ces danseurs automatiques enchaînent les mouvements sur Schubert puis de l'électro pure et dure. La production a vu les choses en grand, malgré un décor assez épuré, moins fourni en accessoires que d'habitude. Timeless 2013 sera placé sous le signe de la joie et de l'émotion. La chanteuse est loin des clichés d'antan et clame son appétit de vivre. Plusieurs surprises parsèment le show, mais la plus grande vient de la setlist. Seulement cinq titres de Monkey me et quatre de Bleu noir (les deux derniers disques, inédits sur scène) et l'arrivée de morceaux anciens, rarement ou jamais chantés sur scène. On retrouve bien sûr quelques tubes (C'est une belle journée, Désenchantée, Sans contrefaçon, XXL) mais aussi des chansons très aimées des fans. Comme j'ai mal est exhumé après 17 ans de placard, Et pourtant… (extrait de l'album Avant que l'ombre… en 2005) est enfin porté sur scène, tout comme le tube en duo (virtuel ici) avec Moby, Slipping away (Crier la vie). Dans un éclat de rire, elle demande au public s'il connaît "une toute, toute première chanson, il y a quelques années" et lui demande de chanter deux couplets de Maman a tort, inédite sur scène depuis 1989 (mis à part un medley en 1999).

Autre surprise de taille, la présence de Gary Jules aux côtés de la chanteuse pour sa célèbre reprise de Tears for Fears Mad World et ensuite sur Les mots où il remplace Seal avec talent. Mylène en profite pour un passage piano-voix avec Je te dis tout, une de ses plus belles ballades, disponible sur son dernier disque. Les moments forts du show restent les tubes qui mettent la salle en transe : le désormais classique Oui mais…non, l'hymne Désenchantée ("C'est la vôtre !" dit-elle), Sans contrefaçon revisité avec des touches asiatiques, XXL dans une version semi-acoustique sublime ou Je t'aime mélancolie à la chorégraphie revue et corrigée. On s'étonne sans se plaindre de l'absence des incontournables California, Libertine ou Pourvu qu'elles soient douces. Le récent et très aimé Diabolique mon ange (issu de Bleu noir) donne des frissons dans une interprétation puissante, tout comme le dernier lead-single en date, A l'ombre, accompagné d'une vidéo proche du clip, rappelant l'univers de Francis Bacon.

Le final se fait, en toute simplicité et émotion, sur deux ballades. Inséparables (cosignée Moby) précède le grand classique Rêver, qu'elle voudrait "chanter une fois sans pleurer" avant de rajouter "C'est une émotion qui vient de vous, du plus profond de moi… N'en déplaise à certains". Après ce tube brillamment réarrangé, un torrent de fumée s'abat sur scène et la chanteuse se volatilise, une de ses plus belles sorties de scène.

Globalement, Timeless 2013 étonne par ses choix et séduit tout autant. Mylène Farmer prend plus de risques que d'habitude, elle s'affirme vocalement et donne à voir une joie de vivre inédite. Le concert émeut et charme pendant exactement deux heures. Une grande dame de la scène française.

SETLIST

Introduction

A force de…

Comme j'ai mal

C'est une belle journée

Monkey me

Slipping away / Crier la vie (en duo virtuel avec Moby)

Elle a dit

Oui mais…non

Interlude

Mad World (en duo avec Gary Jules)

Les mots (en duo avec Gary Jules)

Je te dis tout

Et pourtant…

Désenchantée

Bleu noir

Diabolique mon ange

Sans contrefaçon

Maman a tort (extrait)

Je t'aime mélancolie

XXL

A l'ombre

Inséparables

Rêver

...HB...