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Un cinéphile dans la ville.

Critiques ciné et autres.

"L'ange blessé", un film de Emir Baigazin

Après un premier film extraordinaire, Emir Baigazin livre L’ange blessé, deuxième volet d’une trilogie sur l’adolescence. Le jeune cinéaste confirme les espoirs placés en lui avec ce conte moral magnifiquement mis en scène.

"L'ange blessé", un film de Emir Baigazin

Il était une fois dans un village au Kazakhstan... Lorsque son père sort de prison, le jeune Jaras n'a d'autre choix que de travailler pour nourrir sa famille. Poussin a une très belle voix, il s'entraîne pour passer un concours de chant. Mais les caïds de l'école vont en décider autrement. Crapaud explore les ruines de son village à la recherche de métaux à revendre. Sur son chemin, il fait la rencontre de trois fous qui lui parlent d'un trésor caché. Aslan est un élève promis à de brillantes études. Lorsque sa petite amie tombe enceinte, il doit trouver une solution coûte que coûte. Quatre destins, quatre adolescents qui devront brûler leurs ailes pour se trouver une place dans le monde.

 

En 2013, Emir Baigazin, alors âgé de 29 ans, recevait au Festival de Berlin pour son premier film l’Ours d’argent de la meilleure contribution artistique. Leçons d’harmonie est peut-être le plus beau premier film de ces dix dernières années et le réalisateur kazakh écrit un nouveau chapitre de sa prometteuse filmographie avec L’ange blessé dont le point de départ est un tableau du même nom du peintre finlandais Hugo Simberg dont une autre peinture apparaît dans le film. « Chacun de mes personnages pourrait être cet ange que portent les autres enfants dans le tableau. Par ailleurs, j’ai finalement utilisé La Guirlande de vie, la fresque de Simberg qui se trouve dans la cathédrale de Tampere en Finlande. Elle représente 13 garçons comme autant d'apôtres qui transportent un arbre de vie. C’est ce que vous pouvez voir à la fin de chaque partie, lorsque le titre du chapitre apparait » ajoute Baigazin.

 

"L'ange blessé", un film de Emir Baigazin

 

Déjà, dans Leçons d’harmonie, on retrouvait un adolescent aux prises avec un dilemme moral (se venger ou non) et obsédé par un rituel de purification. Des plans correspondent d’ailleurs d’un film à l’autre. Les quatre chapitres de L’ange blessé (le destin, la chute, l’avidité et le péché) sont illustrés par quatre contes moraux mettant en scène des ados qui font le choix de la violence ou en tout cas celui de quitter l’enfance prématurément. Emir Baigazin cite William Golding dans Sa Majesté les mouches : « Puisque nous savons que personne ne viendra nous chercher et que nous allons devoir vivre ici pour toujours, alors nous ne pouvons plus nous comporter comme des enfants. » La vengeance, il en est question ici encore une fois, mais aussi l’enfance sacrifiée, les adultes absents, comme dans la troisième partie, rappelant Stalker de Tarkovski, avec ces enfants errant dans des champs de ferraille aux allures d’Apocalypse, ou la deuxième, touchée par la grâce d’un petit chanteur miraculeux qui bascule dans la violence. La dernière partie, la plus abstraite, verse carrément dans le fantastique inquiétant. Emir Baigazin, décidément un des jeunes réalisateurs les plus prometteurs du moment, signe un film sidérant de beauté et prouve la vivacité du cinéma kazakh, redécouvert notamment depuis l’immense Tulpan de Serguei Dvortsevoy.

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F
Je n’ai pas encore vu le film, mais après avoir visionné cette bande-annonce, je compte bien le faire ! Merci d’avoir partagé le trailer et ton résumé avec nous. À bientôt !