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Un cinéphile dans la ville.

Critiques ciné et autres.

"Diamant noir", un film de Arthur Harari

Arthur Harari signe son premier long-métrage, Diamant noir. Un drame dans le milieu des diamantaires anversois traversé par le motif de la tragédie shakespearienne et à la mise en scène remarquable. Révélation.

"Diamant noir", un film de Arthur Harari

Pier Ulmann vivote à Paris, entre chantiers et larcins qu’il commet pour le compte de Rachid, sa seule "famille". Son histoire le rattrape le jour où son père est retrouvé mort dans la rue, après une longue déchéance. Bête noire d’une riche famille de diamantaires basée à Anvers, il ne lui laisse rien, à part l'histoire de son bannissement par les Ulmann et une soif amère de vengeance. Sur l’invitation de son cousin Gabi, Pier se rend à Anvers pour rénover les bureaux de la prestigieuse firme Ulmann. La consigne de Rachid est simple : « Tu vas là-bas pour voir, et pour prendre. » Mais un diamant a beaucoup de facettes…

 

 

Auteur de quelques courts-métrages remarqués, Arthur Harari signe avec Diamant noir son premier long, un film noir où surgit parfois le fantôme d’Hamlet et pour lequel le réalisateur a cherché une précision documentaire sur le milieu plutôt secret des diamantaires dans la ville d’Anvers. Comme dans le drame de Shakespeare, le héros (Niels Schneider, étonnant) veut venger son père – mutilé d’une main à l’adolescence, rejeté par sa famille et mort dans la rue – en détruisant méthodiquement cette famille rencontrée aux obsèques.

 

La séquence d’ouverture est exceptionnelle : un œil en très gros plan (clin d’œil à Buñuel et Hitchcock ?) nous invite à un flashback sanglant et amorce le motif principal du film, c’est par l’œil que le bon diamantaire se démarque – tout comme le bon cinéaste. Tout au long du film, le jeune Pier fera l’apprentissage de la violence, de la vengeance et des pères de substitution successifs (un braqueur philosophe, un vieux diamantaire qui sera son mentor, un oncle considéré comme responsable de la déchéance du père). Arthur Harari fait preuve d’un grand savoir-faire dans sa mise en scène d’influence classique et à la cinéphilie totalement digérée – on pense à Hitchcock, parfois même à Melville ou Bresson. Comme dans toute tragédie, la famille est le lieu de la prédestination et des haines enfouies, mais le jeune cinéaste fait le choix d’un final surprenant, tout en restant cohérent avec l’ensemble du projet. Une révélation pour le cinéma français, à surveiller.

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