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Un cinéphile dans la ville.

Critiques ciné et autres.

"Les Proies", un film de Sofia Coppola

Prix de la mise en scène au Festival de Cannes 2017, le sixième long-métrage de Sofia Coppola, Les Proies, marque une rupture dans la filmographie de la cinéaste, tout en restant dans des thématiques récurrentes. Un huis clos chorégraphié de manière virtuose mais qui ne semble pas aller au bout de ses intentions.

"Les Proies", un film de Sofia Coppola

En pleine guerre de Sécession, dans le Sud profond, les pensionnaires d'un internat de jeunes filles recueillent un soldat blessé du camp adverse. Alors qu'elles lui offrent refuge et pansent ses plaies, l'atmosphère se charge de tensions sexuelles et de dangereuses rivalités éclatent. Jusqu'à ce que des événements inattendus ne fassent voler en éclats interdits et tabous.

 

 

Sofia Coppola retrouve Kirsten Dunst (muse et héroïne de Virgin Suicides et Marie-Antoinette) et Elle Fanning (Somewhere, un des meilleurs films de la cinéaste) dans ce qui est une nouvelle adaptation du roman de Thomas P. Cullinan, déjà transposé au cinéma dans les années 70 par Don Siegel avec Clint Eastwood en tête d’affiche. Chez Coppola, c’est le regard des femmes qui est mis en avant, à travers les yeux de la « maman / patronne » d’une pension de jeunes filles pendant la Guerre de Sécession (Nicole Kidman, dans son meilleur rôle depuis longtemps), d’une enseignante bovarienne (Kirsten Dunst), d’une jeune fille qui ressent déjà les prémices du désir (Elle Fanning, toujours parfaite, entre douceur et froideur) et de quelques gamines excitées par l’arrivée d’un étranger dans cette pension désertée où règne une forme d’ennui.

 

La mise en scène (récompensée à Cannes), qui gère intelligemment les entrées et sorties de cadre, est sublimée par la photographie de Philippe Le Sourd qui mêle impression de chaleur, fumée des combats pas si lointains et rayons de soleil transperçant l’imposante bâtisse. L’irruption d’un caporal (nordiste) blessé dans cette maison de femmes (de Virginie) va déclencher une série de réactions et établir une tension sexuelle intenable. C’est la partie que Sofia Coppola maîtrise le mieux, tout ce refoulement et ce désir enfoui qui ne demande qu’à exploser à trois âges de la vie (50, 35 et 18 ans, en gros). Là où le film est plus faible, c’est dans sa manière de ne pas aller au bout des intentions affichées. La perversité des rapports humains (qui sont « les proies » ?) et l’évocation d’une forme de sorcellerie très présente à cette époque (ce que suggère le titre original The Beguiled) sont étrangement évacuées durant les vingt dernières minutes expédiées vitesse grand V. Sofia Coppola propose une relecture intéressante et féministe du roman mais signe un film dont la belle mise en scène ne cache pas toujours les faiblesses d’un scénario léger.

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