Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Un cinéphile dans la ville.

Critiques ciné et autres.

"La belle et la meute", un film de Kaouther Ben Hania

Avec La belle et la meute, la réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania signe un portrait glaçant de son pays en mutation autant que le récit d’un véritable parcours du combattant, celui d’une jeune femme violée affrontant tous les obstacles pour faire valoir ses droits. Magistralement mis en scène et tristement d’actualité.

"La belle et la meute", un film de Kaouther Ben Hania

Lors d'une fête étudiante, Mariam, jeune Tunisienne, croise le regard de Youssef.  Quelques heures plus tard, Mariam erre dans la rue en état de choc.  Commence pour elle une longue nuit durant laquelle elle va devoir lutter pour le respect de ses droits et de sa dignité. Mais comment peut-on obtenir justice quand celle-ci se trouve du côté des bourreaux ?

 

 

Après un passage par la FEMIS, une poignée de courts-métrages et un documentaire, Kaouther Ben Hania a présenté en mai 2017 son troisième long-métrage, La belle et la meute, au Festival de Cannes dans la section Un Certain Regard où elle a reçu un accueil chaleureux. Ce nouveau film est librement inspiré d’un fait réel représentatif de ce que vivent les femmes au quotidien en Tunisie, mais pas seulement si l’on pense à l’actualité récente qui coïncide d’une tragique ironie avec la sortie en salles (Weinstein et la campagne #balancetonporc).

 

En neuf plans-séquence incroyablement maîtrisés, la cinéaste plonge le spectateur dans le cauchemar vécu par Mariam (interprétée par la révélation Mariam Al Ferjani au visage de madone tragique) avec une impression de temps réel – le film se déroule sur une douzaine d’heures avec des ellipses intelligemment choisies. Alors qu’elle s’apprête à faire la fête, Mariam est violée par des policiers (le film a l’intelligence de ne rien montrer) et va tenter, avec l’aide de Youssef (le charismatique Ghanem Zrelli) rencontré quelques heures plus tôt, de relever la tête et de dépasser sa honte (sentiment que partagent malheureusement la plupart des victimes de viol). Traitée avec mépris par les employés d’une clinique puis de l’hôpital public et afin de différents policiers, la jeune femme est à chaque fois un peu plus souillée, un peu plus humiliée, un peu plus seule. Paradoxalement, cette solitude face à une société tunisienne patriarcale va renforcer le courage de Mariam, vaguement épaulée par un vieux policier qui refuse de protéger ses collègues véreux et deux femmes (une policière et une infirmière dont on sent qu’elles ont dû se battre pour obtenir le respect de leurs collègues masculins et ne peuvent pas faire grand-chose pour la victime). Si le film prend la forme du thriller, il est aussi un témoignage essentiel de l’indifférence face aux violences faites aux femmes.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article