"Soeil battant", un film de Clara et Laura Laperrousaz

Les sœurs Clara et Laura Laperrousaz signe leur premier long-métrage, Soleil battant, inspiré de leur histoire familiale. Une chronique estivale du deuil, traversée de beaux moments mais alourdie par un scénario trop explicatif.

Pour les vacances, Gabriel et Iris retournent dans une maison de famille au Portugal avec leurs filles Emma et Zoé, d’irrésistibles jumelles de 6 ans. Au cœur d’un paysage solaire, des baignades et des rires des petites, le passé du couple se réveille. Emma est dépassée par un secret trop grand pour elle, qu’elle n’a pas le droit de partager avec sa jumelle.

Filles du documentariste Jérôme Laperrousaz, les deux réalisatrices ont puisé la substance de leur premier film dans leur histoire familiale, celle d’un lourd secret, un enfant mort avant la naissance des jumelles qui ignorent l’existence de cette tragédie. Ana Girardot et Clément Roussier (repéré dans la série Ainsi soient-ils) incarnent un couple au bord du précipice mais qui tient debout sur les bases fragiles d’un drame intime.

Du cinéma, il y en a, dans ce film magnifiquement mis en lumière, aux longs plans évanescents (parfois trop) sous le soleil caniculaire d’un été portugais. Très rapidement, une des jumelles découvre une photo qui lui ressemble et commence à poser des questions. Là où la mère voit en cet enfant mort il y a quelques années un ange veillant sur sa nouvelle progéniture, le père a décidé d’en faire un sujet tabou, comme pour ne pas penser, continuer à vivre. D’abord placé à hauteur d’enfant, Soleil battant se déplace peu à peu vers les parents, quand la mère sombre, revenant sur les lieux du drame, et le père renaît malgré tout. Souvent maladroitement, le scénario tente de sonder les complexes méandres de ce deuil impossible et son impact sur le couple, devenu comme incapable de s’occuper de ses enfants. Mais, trop explicatif, il oublie aussi de faire exister pleinement ses personnages et bute sur des séquences au suspense malaisant et un final quelque peu racoleur d’émotion.