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Un cinéphile dans la ville.

Critiques ciné et autres.

"Dark Touch", un film de Marina De Van

 

Marina De Van réalise avec Dark Touch un nouveau projet ambitieux qui cache derrière une apparence de film d'épouvante un propos brillant sur la maltraitance des enfants. Un long-métrage intense à la frontière de l'épouvante et le film d'auteur.

 

 

Affiche-Dark-Touch.jpg


 

Une nuit, dans la campagne profonde, une maison isolée prend vie. Meubles et objets se rebellent contre les occupants, laissant Neve, une fillette de 11 ans, seule rescapée du massacre sanglant qui a décimé sa famille. Des proches la recueillent et s’efforcent de lui faire surmonter cette épreuve traumatique en l’entourant d’amour. Mais la violence continue de se manifester et Neve ne retrouve pas la paix.

 

 

 

 

 


Marina De Van, ancienne de la FEMIS, a d'abord collaboré aux premiers films de François Ozon, issu de la même promotion, avant de co-scénariser deux de ses succès, Sous le sable et 8 femmes. Après plusieurs courts-métrages et une expérience d'actrice, elle réalise en 2002 son premier long, le dérangeant et réussi Dans ma peau. Elle déçoit légèrement en 2007 avec Ne te retourne pas, réunissant Sophie Marceau et Monica Bellucci. Avec Dark Touch, on pourrait penser qu'elle se livre au film de genre avec un énième film d'épouvante sur une jeune fille aux pouvoirs surnaturels. Mais, heureusement, elle en fait quelque chose de plus personnel et d'une grande intelligence.

 

La jeune Neve (Missy Keating, la fille du chanteur Ronan Keating, dans son premier rôle) est une enfant martyr. Ses parents la battent, la violent, lui font subir les pires sévices. La mise en scène pudique et la magie du montage rendent parfaitement l'illusion de cette violence sordide sans trop d'effets. Un soir, alors qu'elle vient d'être une nouvelle fois abusée et battue, les meubles de la maison valsent dans les airs et un incendie se déclare, décimant sa famille sans qu'elle comprenne ce qui se passe. Sa télékinésie, car c'est de ça qu'il s'agit, elle ne la perçoit pas. Elle remarque juste, dans la famille d'amis qui la recueillent, trop mielleux, faussement compréhensifs, que les meubles bougent quand elle pleure. Et elle pleure quand elle voit des gestes qui lui rappellent son passé : un ceinture trop vite enlevée, une main posée sur le visage…

 

Marina De Van met en scène de manière virtuose les dégâts de la maltraitance. Quand un enfant est brisé par l'inceste et les coups, son rapport au monde ne peut plus jamais être le même, sa vie en est affectée jusqu'au bout. Neve semble condamnée à vivre en décalage, dans une angoisse permanente et un rapport impossible aux adultes. On comprend rapidement que son pouvoir est issu d'une accumulation de colère et de douleur qui se transforme en télékinésie. C'est une des grandes idées du film. Sans s'en rendre compte, puis consciemment, elle va utiliser son pouvoir pour se venger. Dans les vingt dernières minutes, l'épouvante prend le pas et la cinéaste orchestre un rituel de vengeance rappelant Carrie de Brian De Palma. L'enfant pleure des larmes de sang et on se rappelle que de nombreuses enquêtes scientifiquement disent que des maladies (diabète, insuffisance rénale, hépatite…) sont parfois développées chez les enfants après des violences sexuelles. Dans un dénouement baroque, presque parodique et cathartique, les enfants abusés se vengent sur les adultes maltraitants. Marina De Van signe le film d'épouvante le plus captivant vu depuis de nombreuses années.

 

 

...HB...

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