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Un cinéphile dans la ville.

Critiques ciné et autres.

"Makala", un film de Emmanuel Gras

Le documentariste Emmanuel Gras s’est rendu au Congo où il a tourné son nouveau film, Makala. Le parcours difficile d’un jeune charbonnier qui rêve d’un avenir pour sa famille. La caméra habile du cinéaste se place toujours au plus proche de la vérité.

"Makala", un film de Emmanuel Gras

Au Congo, un jeune villageois espère offrir un avenir meilleur à sa famille. Il a comme ressources ses bras, la brousse environnante et une volonté tenace. Parti sur des routes dangereuses et épuisantes pour vendre le fruit de son travail, il découvrira la valeur de son effort et le prix de ses rêves.

 

 

En 2012, Emmanuel Gras surprenait avec son étonnant et captivant premier long-métrage, Bovines, une heure passée auprès de vaches, au cœur de leur « vraie vie ». Trois ans plus tard, il signe avec Aline Dalbis 300 hommes, un documentaire sur les centres d’accueil pour les sans-abris. Cette fois, le cinéaste quitte l’Hexagone pour le Congo où il a déjà tourné en tant que chef opérateur. Lors de repérages, il rencontre Kabwita, un jeune homme à l’allure frêle mais d’une grande force comme en témoigne la scène d’ouverture – on suit, de dos, le héros qui va abattre un arbre colossal.

 

Kabwita Kasongo a une femme et plusieurs enfants pour qui il compte bien construire une maison. Alors il coupe des arbres, fabrique des fours de terre pour transformer le bois en charbon et part le vendre à la ville la plus « proche », Kolwezi – tout de même 50 km parcourus à pied, trimballant son lourd chargement sur un vélo de fortune. Cette véritable transhumance (Kabwita chancelle, souffre de la fatigue et se fait racketter par la police pour avoir accès à la ville) est au centre du film, comme un voyage presque métaphysique – mais qui pose parfois la question de la position du cinéaste face à la misère, laissant son « objet » de cinéma se débattre devant la caméra. La force du film, qui s’ouvre dans la solitude d’un minuscule village et s’achève dans l’agitation du marché de la villa, est dans le charisme de Kabwita Kasongo. A la fois réservé et très expressif, le jeune homme à l’allure fragile a dans le regard un mélange de force et de tendresse qui bouleverse infiniment. Heureusement que l’on sent le respect et la bienveillance dans le regard d’Emmanuel Gras car le film est toujours à la limite de la malséance sans jamais adopter une position humiliante pour le héros. Avec Makala (« charbon » en swahili), le cinéaste pose une nouvelle pierre à son œuvre, un édifice de plus en plus passionnant.

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