Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Un cinéphile dans la ville.

Critiques ciné et autres.

"Seule la terre", un film de Francis Lee

Récompensé dans de nombreux festivals, de Sundance à Festival de Leeds, Seule le terre, le premier long-métrage de Francis Lee, a conquis la critique avant d’arriver en salles. Une histoire d’amour poignante sur fond de détresse sociale dans la campagne anglaise avec des faux airs de Brokeback Mountain.

"Seule la terre", un film de Francis Lee

Johnny travaille du matin au soir dans la ferme de ses parents, perdue dans le brouillard du Yorkshire. Il essaie d’oublier la frustration de son quotidien en se saoulant toutes les nuits au pub du village et en s’adonnant à des aventures sexuelles sans lendemain. Quand un saisonnier vient travailler pour quelques semaines dans la ferme familiale, Johnny est traversé par des émotions qu’il n’avait jamais ressenties. Une relation intense naît entre les deux hommes, qui pourrait changer la vie de Johnny à jamais.

 

 

Francis Lee, lui-même fils d’agriculteurs, a grandi dans le Yorkshire où il a décidé de tourner son premier long après une poignée de courts-métrages. Fasciné par cette terre, le cinéaste installe dès les premières séquences le décor aride et hostile de cette campagne balayée par le froid et le vent. « Quand j’étais petit, je ne réalisais pas le pouvoir d’attraction exceptionnel de cette terre sur ceux qui y vivent et y travaillent. J’en ai pris conscience lorsque je suis allé étudier à Londres, laissant derrière moi les paysages ruraux et isolés du Yorkshire de mon enfance : je me suis demandé pour la première fois ce que le reste du monde avait à m’offrir » témoigne-t-il. 

 

Johnny doit s’occuper seul (ou presque) de la ferme familiale, entre une grand-mère sévère et un père handicapé après un AVC. Le soir, il se « détend » en se bourrant la gueule dans le pub du village. Parfois, il s’autorise, non sans honte, des étreintes brutales avec des garçons de passage. L’arrivée d’un jeune Roumain va bouleverser sa vie. D’abord dans un rapport de force puis obligés de cohabiter dans une cabane d’hivernage, les deux jeunes hommes vont s’apprivoiser et l’amour va bientôt naître – ce que refuse Johnny dans le réflexe de ceux qui n’ont jamais connu la tendresse. On pense bien sûr à Brokeback Mountain. Mais Francis Lee pose un regard encore plus délicat sur cette histoire en forme de roman d’apprentissage amoureux, et, finalement, d’acceptation de soi. Le visage de Johnny, fermé au départ, se détend peu à peu jusqu’aux premiers sourires. Les deux acteurs, Josh O’Connor et Alec Secareanu, extraordinaires, donnent chair à cette belle histoire ancrée dans une triste réalité : la détresse affective et sociale des travailleurs ruraux isolés.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article