Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Un cinéphile dans la ville.

Critiques ciné et autres.

"Inglourious Basterds", un film de Quentin Tarantino


Attendu depuis quelques années par son public, le nouveau film de Quentin Tarantino, Inglourious Basterds, est sur les écrans depuis le 19 août dernier. Composé de cinq chapitres, ce sixième opus (si l'on considère les deux volumes de Kill Bill comme un même film) est un chef-d'œuvre qui brasse les genres. Humour noir, "western européen" et toujours une histoire de vengeance…

 


 

 


Dans la France occupée de 1940, Shosanna Dreyfus assiste à l'exécution de sa famille tombée entre les mains du colonel nazi Hans Landa. Shosanna s'échappe de justesse et s'enfuit à Paris où elle se construit une nouvelle identité en devenant exploitante d'une salle de cinéma.
Quelque part ailleurs en Europe, le lieutenant Aldo Raine forme un groupe de soldats juifs américains pour mener des actions punitives particulièrement sanglantes contre les nazis. "Les bâtards", nom sous lequel leurs ennemis vont apprendre à les connaître, se joignent à l'actrice allemande et agent secret Bridget von Hammersmark pour tenter d'éliminer les hauts dignitaires du Troisième Reich. Leurs destins vont se jouer à l'entrée du cinéma où Shosanna est décidée à mettre à exécution une vengeance très personnelle…

 

 

 



 

 

Dès sa première réalisation, Reservoir Dogs en 1992, Tarantino a frappé fort. Pulp Fiction (Palme d'Or 1994), Jackie Brown (1997) et les deux volumes de Kill Bill (2003 - 2004) ont achevé d'en faire un cinéaste génial et incontournable. En 2007, Death proof (Boulevard de la mort) était encore un exercice de style très réussi. Avec Inglourious Basterds, un projet qui a plus de dix ans, l'américain signe un film de guerre en trois langues (français, anglais et allemand à peu près à parts égales), violent et à l'humour corrosif.

 

Inglourious Basterds s'ouvre sur un premier chapitre nommé "Il était une fois dans la France occupée par les nazis", qui a bien failli être le titre du film, Tarantino rendant de nouveau hommage au western spaghetti qu'il aime tant. 1941. Un colonel nazi interroge un paysan français qui cache des juifs. Un face-à-face d'environ vingt minutes absolument magistral. Une leçon de cinéma. Les dialogues vont crescendo, la tension est forte et le film démarre sur le massacre de la famille Dreyfus, dont Shosanna (Mélanie Laurent, excellente) est la seule survivante, parvenant à s'enfuir.

 

Ce qu'il faut savoir dès le départ, c'est que Tarantino a choisi de ne pas faire du réalisme historique son centre d'intérêt. La France de 1941 que filme Tarantino n'a rien à voir avec la réalité, de même que les événements historiques. Le cinéaste a choisi une fiction totale, un "conte sur la vengeance" pour employer ses propres mots. Certains ont été gênés par l'illustration d'Hitler, assez humanisé et même drôle parfois. Mais c'est pour mieux souligner la vengeance. Celle du cinéma. Mais j'y reviendrai.

 

Le casting est impressionnant et cosmopolite : les américains Brad Pitt, Eli Roth, la française Mélanie Laurent, l'autrichien Christoph Waltz, l'irlandais d'origine allemande Michael Fassbender, les allemands Daniel Brühl, Diane Kruger et Til Schweiger… Les langues (et leurs accents) sont très bien utilisés, sans aucun mépris mais dans le sens de la comédie pure. L'accent sudiste d'Aldo Raine (Brad Pitt) est réussi et la scène où il se fait passer pour un italien (une future scène culte) à la Marlon Brando dans Le Parrain est tout simplement parfaite. Christoph Waltz n'a pas volé son Prix d'Interprétation à Cannes (comme Charlotte Gainsbourg pour Antichrist) tant il excelle en "chasseur de juifs", surnom qu'il réfute, s'estimant juste un "détective". Sa légèreté et sa noirceur mêlées font froid dans le dos.

 

Le film est l'histoire d'une vengeance. Et ça, c'est un terrain que Tarantino connaît parfaitement. Comme Uma Thurman dans Kill Bill, Mélanie Laurent va préparer une vengeance à la mesure de ce qu'elle a subi. Elle a décidé de faire brûler les principaux membres de l'état-major nazi (dont Hitler) dans son cinéma. Quant à Brad Pitt, il s'est juré de ne pas faire de prisonniers, mais de scalper tous les nazis qu'il va tuer avec ses compères.

On peut voir aussi pour Tarantino une façon de symboliser la vengeance en "refaisant" l'Histoire grâce au cinéma. Et l'arme choisie par Shosanna pour brûler le Troisième Reich est la pellicule nitrate de l'époque, extrêmement inflammable (comme l'explique Samuel L. Jackson, voix off souvent hilarante), ce qui fait que l'on a perdu tant de films de l'époque pendant la guerre.

 

Le cinéma comme arme absolue? C'est le pari audacieux de Tarantino avec ces Inglourious Basterds franchement géniaux, Shosanna forte et émouvante et le colonel Hans Landa (Christoph Waltz) que l'on aime détester. Hymne antinazi et déclaration d'amour à l'Europe ("nous sommes français, nous respectons les réalisateurs" déclare Shosanna), le film s'achève sur une réplique de Brad Pitt : "Je crois que c'est peut-être mon chef-d'œuvre" La voix du maître?




...HB...
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article